Texte de Ktou14 – « Bob et Robert » *

Six heures d’un joli matin printanier.
La porte-fenêtre glisse et Robert sort sur ce petit espace qui lui tient lieu de balcon. Il sacrifie à son rituel quotidien : tous les matins à 6 heures, par tous les temps, griller sa première clope sur ce bout de béton parisien en regardant la ville s’éveiller. L’oreille aux aguets afin de saisir les bruits d’une circulation parfois cacophonique : les klaxons, le bip du camion des éboueurs et les poubelles reposées sans ménagement sur le trottoir, les sirènes des voitures de police et des ambulances ou tout simplement le chuintement des pneus sur l’asphalte mouillé, le grondement souterrain du métro..L’odorat n’est pas en reste non plus. Des odeurs pas encore trop marquées à cette heure-là par les gaz d’échappement mais balayant quand même la trop timide, celle qui monte délicatement de la boulangerie d’à côté.
Et puis les yeux. Il en prend plein les yeux, Robert, de cette lente montée en puissance d’une capitale qui se réveille. Les voitures qui se précipitent vers le travail et la longue journée, des piétons qui vont, viennent, se croisent et se décroisent, les reflets du soleil sur les immeubles qui l’entourent ou la course des nuages qui se reflètent dans les baies vitrées.
Pourtant, depuis quelques semaines, tout a changé.

C’est un silence assourdissant qui fait bruisser ses oreilles. Les oiseaux ont gagné la bataille contre les voitures qui se font si rares qu’on ne sait dans quel monde, réel ou fantasmagorique, on vit. Et lorsque le gyrophare d’une ambulance, qui n’a plus à se frayer un laborieux passage, traverse les boulevards, on ne peut s’empêcher de se demander qui elle emporte ? Vers quoi ?

Le méchant virus a cogné, frappant le monde de stupeur, de panique et d’angoisse. Depuis bientôt deux mois, le confinement a réduit le paysage, ramené besoins et envie à leur plus simple expression, fait du voisin et de l’ami un danger potentiel, figé les sourires sous un triste rectangle de tissu.

Robert n’a jamais été très porté sur l’introspection. Pourtant, au cours de ces jours de confinement, il a revu sa vie jusqu’à présent et s’est posé bien des questions sur ses choix. Voyageur de commerce il a passé son temps sur les routes de France avec ses machines à coudre, joli cœur pour ces femmes qui découvraient la magie du progrès. Avec en tête un seul rêve : habiter un jour au pied de la Butte Montmartre. Pour ce rêve, il a tout sacrifié, femme et enfants. Il s’est contenté d’aventures de passage et de gâter ses neveux et nièces, lesquels se gardent bien de le lui rendre. Oh, il y a bien eu Martine, avec qui il est resté suffisamment longtemps pour qu’elle y croie, au mariage avec son Robert. Mais femme de campagne et de jardin, elle n’aurait voulu pour rien au monde vivre à Paris. Et Robert a quitté Martine.
D’un geste songeur, Robert écrase son mégot et rentre dans le petit appartement, acquis fièrement à la sueur de son front et dont la revente aujourd’hui lui permettrait de finir sa vie et de passer une partie de son éternité sous le soleil des îles.
Dans le salon, il jette un œil à Bob, qui le regarde attentivement.
Entre Robert et Bob, c’est une histoire d’amour. Ils se sont connus à la Foire du Trône. Se sont rencontrés et choisis dans un regard et, depuis, partagent gentiment les 38m² de la Butte.
Même si, depuis le début du confinement, Bob tourne en rond. Certes, il en a l’habitude, mais voir Robert tourner en rond dans l’autre sens, continuellement présent, de plus en plus irritable et nerveux, cela le perturbe énormément. Il pourrait lui donner des cours sur le confinement, mais il préfère se taire.

Au lieu de cela, il commence à regarder d’un œil critique les meubles bon marché, hérités des parents et tous les bibelots qui vont avec et ont sans doute accompagné l’enfance de Robert. Une enfance dont Robert ne lui a jamais parlé. Mais Bob n’est pas du genre à provoquer les confidences.
Au fil des jours, les murs de l’appartement semblent rétrécis, l’air devient étouffant et la saison n’est pas en cause. Ce confinement va finir par les détruire, Bob en a l’intime conviction. Mais il ne peut rien dire à Robert, alors il la ferme.

La rage au ventre, Robert s’apprête à attaquer son troisième rituel de la journée, après le café et la cigarette qui ont suivi l’instant balcon. Et c’est à ce moment-là que les entrailles de Bob se tordent. C’est le moment qu’il appréhende le plus dans des journées d’où rien n’émerge. Une fois qu’il sera passé, Bob pourra dormir sur ses deux oreilles jusqu’à demain. Dormir et tourner en rond.

Les deux premières semaines du confinement se sont bien passées. Il a fallu s’adapter bien sûr, mais rien d’insurmontable. Chaque jour, Robert découpe dans le journal les dérogations de sortie qui lui ouvrent les portes du monde extérieur. Parce que maintenant, il y a le monde intérieur et le monde extérieur. Du premier, Robert confie à peu près tout à Bob, qui l’écoute avec gravité. Du monde extérieur, il a bien compris que son compagnon regrette surtout les longs moments passés au bistrot du coin avec Émile, Jean-Pierre et Titouan, à commenter, désabusés, la marche du monde et à taper le carton à la Pagnol, gestes et paroles à l’appui. Maintenant, il n’y va plus que pour ses cigarettes et son journal.
Mais bon, deux semaines, c’est vite passé. Si la vie et la santé sont à ce prix….

Les deux semaines se sont transformées en quatre, puis six, on nous en promet huit, voire plus. À la première annonce, Robert a explosé, bourrant la table basse de coups de poings, gueulant comme un âne qu’il n’allait pas tenir le coup. Le lendemain, il est rentré du pain et du journal un peu calmé. Il avait rencontré Dédé et la discute lui avait remonté le moral. D’autant plus que ses copains de belote lui téléphonent régulièrement. Ils imaginent en rigolant les parties qui viendront « après », arrosées de bière ou de vin blanc. Il en a les yeux qui brillent.
Et puis, à J23, le téléphone a sonné au petit matin pour leur apporter deux mauvaises nouvelles : Émile et Jean-Pierre étaient partis à l’hosto, le premier en état d’urgence absolue et le second guère mieux. Robert n’a pas envisagé une seconde la contamination pour lui. D’abord sonné pendant de longues heures, il a exprimé sa colère en cassant le vase de la grand-mère, hideux d’accord, mais quand même…
Il n’a pas fallu quatre jours pour apprendre le départ d’Émile vers les belotes éternelles. Robert en a chialé comme un gamin. C’est ce jour-là qu’il a instauré son nouveau rituel, celui qui met Bob dans tous ses états.

Robert a passé de longs moments, très longs moments, à regarder tous les bibelots de son appartement. Ceux des grands-parents, des parents et les siens. Ceux qui sont en verre. Et chaque jour, il en attrape un, sort sur son balcon et jette ledit bibelot en bas de son immeuble. Là où la benne à gravats est restée après la fermeture précipitée du chantier. Les jours où il est vraiment trop mal, il lui arrive d’en jeter deux à la fois.

« Tu comprends, ces petites choses en verre, ça ressemble à la vie. C’est beau, ça te reflète les couleurs du monde et ça pète comme un rien. Fragile, fragile, fragile. Je ne supporte plus. »

Au fil des jours, Robert fait du vide dans sa verroterie. Sans aucun état d’âme. Il a d’abord commencé par les souvenirs de la grand-mère, puis ceux de sa mère, toutes ces boules à neige de Lourdes ou d’ailleurs, mais surtout Lourdes, qui vous donnaient la nausée. Bob ne dit rien : il a horreur de ces boules, allez savoir pourquoi !
Après trois semaines de débarras, il ne reste pas grand-chose en verre. Pour la cuisine, Robert a décidé de ne pas y toucher. La vaisselle, c’est pas pareil.

Depuis deux jours, Robert regarde drôlement son Bobiche. Avec, comme qui dirait, un œil torve. Ça fait 48 heures que Bob n’arrive plus à fermer l’œil. La peur l’étreint. Il sait ce qui se profile à l’horizon mais se refuse à y croire. Non, Robert ne ferait pas cela !
Sept semaines maintenant que le confinement a dressé ses miradors sur le pays.
Partout des flics et des gardes-chiourme qui contrôlent, posent des questions, verbalisent… Pour Robert, la vie a perdu son goût quand la faucheuse lui a pris ses deux amis. Parce que oui, Jean-Pierre, qui allait pourtant un peu mieux, est parti aussi et que ni pour l’un ni pour l’autre, Robert n’a pu faire un bout de conduite. Dix de der pour ces deux-là, mais sans lui !
Parfois le matin, sur son balcon, il se penche dangereusement. Mais la benne en-dessous le dissuade de sauter : elle amortirait sans doute sa chute et avec tout ce verre brisé, il en sortirait dans un pire état, mais peut-être bien vivant !

Dans l’appartement c’est le grand silence. Comme un avant-goût de départ. Bob n’aurait jamais pensé que des petites babioles pouvaient prendre tant de place ! Partout les étagères se sont vidées. Dans la chambre, la salle de bain, le séjour-salon. Chaque jour il a vu Robert jeter des morceaux de son passé. Chaque jour il a voulu le retenir mais n’a rien pu faire. Il ne reste que quelques bricoles en verre. Pas suffisamment pour atteindre lundi prochain, jour annoncé du déconfinement. De toute façon, Bob sait que rien ne pourra arrêter Robert.
Son Robert tant aimé est devenu fou. Il a fallu du temps à Bob pour accepter cette cruelle réalité, mais maintenant qu’elle s’est imposée à lui, elle mange le temps et l’espace.
Bob refuse de penser à ce qui va se passer, à la façon dont ça va se passer. Il ne vit plus, ne dort plus, ne mange plus.
Il enrage à se dire qu’un tout petit virus de rien du tout peut détruire tant de vies, de façon aussi directe que collatérale.

Six heures d’un triste matin confiné.
Là-haut sur son petit bout de territoire au cinquième étage, Robert fume la dernière clope de son paquet.
Il regarde la ville, mais ne la voit plus, ne l’entend plus et ne la sent plus. Seule tourne dans sa pauvre tête malade l’idée du geste à accomplir aujourd’hui. Après, confinement ou pas, il partira rejoindre ses copains de bistrot. Du troquet là-haut, ils regarderont le monde en rigolant.
Un dernier remords le saisit. Il pense à cet amour pour Bob, à tous ces moments partagés. Ce cher vieux Bob si calme et si attentif lorsqu’il s’épanchait durant des heures parfois. Ce cher vieux Bob, qui, lui, ne lui a jamais fait de mal.
Mais plus rien ne peut retenir l’ultime folie de Robert. Oui, le virus l’a tué lui aussi. Autrement, sournoisement, irrémédiablement bien sûr… Il faudra ajouter son nom à la sinistre liste qui, chaque soir, s’égrène sur le petit écran.

Frissonnant malgré la douceur du soleil, Robert rentre dans l’appartement. Il s’approche de la petite table, les mains déjà tendues.
« Désolé Bob, tu ne verras jamais gumusservi.* » Ah cette expression rapportée d’un lointain voyage en Turquie et qui les a tant réconfortés, surtout les soirs d’hiver. En ont-ils rêvé de gumusservi !
Dans son bocal en verre, Bob, le poisson rouge, s’est arrêté de tourner en rond.
Fixement ils se regardent.


• Lumière de la lune se reflétant dans la mer.
Image : Patricia Alexandre – Pixabay

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Beau texte très en phase avec l’actualité et le ressenti de Robert correspond sans doute à beaucoup d’âmes seules… C’est triste et émouvant. Toutefois, et je ne sais pas vraiment pourquoi , j’ai tout de suite compris que Bob était un poisson rouge , mais cela n’ôte rien au plaisir de lire.

et moi je me suis laissée surprendre! du coup, seconde lecture à l’éclairage de la première. et c’est top! un peu glauque et dépressif à la première lecture, croustillant et drôle à la seconde. Ktou est vraiment balaise, avec un sujet d’atelier elle nous offre deux lectures! (francis va doubler le prix d’inscription!)

le confinement a donc bel et bien des effets secondaires positifs: la création.
bravo. me suis régalée.

Jusqu’au bout, je n’ai pas pensé que Bob était un poisson rouge et cela maintenait un certain suspens au cours de la lecture. C’est très émouvant. Très belle description des sentiments de Robert. Beau moment de lecture.

Super histoire. Moi aussi je me suis fait avoir en beauté. Pas imaginé une seconde que Bob pouvait être un poisson rouge, je pensais que Robert après son histoire avec Martine avait changé de goût. Tu parles, la rencontre de Bob à la foire du Trône ! C’est sacrément bien trouvé tout ça.

En tout cas, lorsqu’arrive la fin et qu’on comprend qui est Bob et pourquoi il est tellement anxieux, on ne peut faire qu’une chose, recommencer la lecture et la savourer de bout en bout. Tout s’éclaire, prend un autre relief, l’idée est proprement géniale !

Les balcons dans le centre-ville, ça peut sauver…ou pas. 😉

J’avoue avoir très vite compris que le sympathique Bob était un poisson rouge mais ça n’a pas entaché ma lecture pour autant. On se prend de sympathie pour ce pauvre Robert, et c’est tellement d’actualité, sa situation, pour qu’on le comprenne.
Ce pauvre homme m’a fait de la peine…mais la fin ouverte laisse imaginer pleins de choses et j’aime beaucoup ce choix que tu as fait de nous laisser croire qu’il n’a peut-être pas jeté son ami Bob par la fenêtre. Qui sait?

Lorsque j’ai lu le début je me suis dit « oulaaa, une nouvelle sur le confinement, c’est casse-g… » … et puis c’est une totale réussite. Dans son genre, je la trouve même exemplaire (il y a dans cet atelier plusieurs nouvelles parfaites, j’y reviendrai ; celle-ci en est une). Quelques remarques :

– Ktou14 est futée avec la contrainte, le gumusservi nous est servi in extremis (sachant qu’un poisson rouge aurait peut-être vu la lune sur la rivière, mais pas sur la mer) avec astuce et hop je t’embrouille j’ai tenu la contrainte. Ça me fait rire cela (je te vois faire !), en plus du fond de la nouvelle qui est drôle-amer en somme. L’essentiel étant que ce thème ait pu permettre cette création. D’ailleurs je suis un peu épaté et j’aimerais bien connaître le processus ; comment cette idée s’est-elle bâtie ? Notamment le coup des objets jetés dans la benne — c’est génial ça. Cela m’a rappelé 3 auteurs : chez Paul Auster avec le type qui vide son appartement des cartons de livres de son père qui lui servent de meubles au fil de leur lecture (« Moon Palace », je crois) et un autre auteur américain Tim O’Brien qui dans le recueil « À propos de courage » a une ou deux nouvelles comme cela de types (des vétérans du Vietnam, tous traumatisés) qui s’adonnent à des actes étranges et dépressifs, mais symboliques toutefois – il y en a un qui tourne en voiture toute la journée autour d’un lac ; un autre qui creuse un trou gigantesque devant sa maison sans but précis. Il y a des choses comme cela aussi, de mémoire toujours, chez Raymond Carver). Alors elle vient d’où cette idée de benne ?

-Je me suis fait avoir. Je pensais que Bob était un chat ou un chien. Du coup la surprise du poisson rouge et le face-à-face via le bocal était totale. Et le parallèle entre les deux confinés qui tournent en rond, c’est parfait.

L’exercice consistant à cacher quelque chose (ici l’identité de Bob) dans une nouvelle est difficile ; souvent mal utilisé et surtout sans intérêt (car c’est comme la chute « c’était un rêve », c’est « haha, je vous ai eu c’est le basilic en pot sur le buffet qui parlait »), mais là Ktou14 le rend nécessaire, cela fait sens et c’est fait avec brio. Quelques-unes l’avait deviné : bravo. Mais l’essentiel est que ça n’a pas gâché votre plaisir de lecture, en effet. Pour ma part une relecture ne souffre pas de la révélation de l’identité de Bob : preuve que cette nouvelle tient sacrément la route.

– Le déroulé : arriver à placer les digressions (le passé, la bio, les aléas à raconter) en les saupoudrant au fil de si peu d’action : là aussi c’est de la dentelle. En la matière il faut y aller avec précaution. Là, ça me semble être savamment dosé (J’y reviendrai pour un autre texte de l’atelier).

– Enfin la chute. Ah, la belle chute ouverte que voilà. Un vrai bonheur. On laisse le lecteur choisir, et on finit sur une superbe image (la seconde image qui préside au texte, qui en crée le sens, la nécessité ; la première c’est la benne), forte, drôle, qui prend sens… Très joli.

Bon j’arrête là les compliments, ça suffit comme ça : Ktou14 va finir par se prendre pour la cheffe de file de la soudaine « littérature du confinement » où quelques autrices célèbres se sont d’ailleurs bien ridiculisées.

Pour l’autrice ridiculisée : regarde la vidéo de l’excellente Laëlia Véron https://www.arretsurimages.net/chroniques/avec-style/slimani-darrieusecq-romantisation-du-confinement

C’est marrant ce que tu dis Ktou au sujet de la façon dont tu as fait ce que tu avais envie de faire, soit une nouvelle dont on verrait plus tard avec quelle expression elle pourrait coller. Un côté un peu insoumis peut-être : « je fais comme je veux, et je me débrouille pour retomber sur mes pattes ! »
Mais c’est intéressant sur le plan de l’inspiration. Des fois la consigne est la source, c’est elle qui va générer l’histoire qui va sortir alors qu’elle n’était pas là quelques minutes avant, d’autres fois la nouvelle est déjà presque là, on sait à peu près ce sur quoi on a envie d’écrire, et il va falloir se débrouiller pour faire rentrer de force la consigne dans l’histoire. J’ai déjà connu ce truc-là (pas sur ce site), et je me retrouve dans ce que tu dis. 🙂

J’ai fini les 250 mots parce que j’étais aussi curieux de les connaître et puis il y en avait peut-être de savoureux que je n’aurais pu exposer… ! J’entends le « trop de propositions » (je ne sais plus qui a dit ça, Ktou14 ?), « du coup je fais comme je l’entends et je fais le raccord après avec la contrainte »… mais ce n’est pas grave, du tout. Le déclenchement s’est effectué tout de même, la nouvelle a été écrite, on s’est amusé… Alors, hein, c’est juste ce résultat qui compte. 🙂

quand j’ai vu que L Slimani se lancait dans un journal de confinement dans le Monde je m’en suis réjouie. quand j’ai commencé à lire, j’ai trouvé ça indécent. je me suis même posé la question la question d’une éventuelle rémunération. puis j’ai élargit mon questionnement , car bon nombre d’artistes ont eu une démarche semblable (musicien, théatreux, humoristes…): opportunistes de la situation? mises en scène de leur égo? bref. j’ai arreté de les lire. quand les paparazzis ne peuvent plus sortir, leurs victimes se livrent d’elle mêmes.

Après les journaux de confinements qui ont fleuri, je lisais un éditeur qui disait qu’il craignait -alors qu’ils se prennent une crise d’anthologie, le secteur va être à terre, repousse des milliers de parutions- une vague toxique non pas de virus mais de romans écrits durant le confinement. Déjà que les Français sont parmi ceux qui écrivent le plus, cela ne va pas aider… D’ailleurs du coup, pour « le projet conjugal » ce n’est même plus la peine de chercher un éditeur. Une douzaine ne m’a déjà jamais répondu au bout d un an… Je vais l’éditer moi-même.

Que de lecture, du coup j’en oublie ce que je voulais dire. Alors je sais pas mais moi le bob poisson rouge, je l’ai vu de suite… et la fin aussi du coup. Mais j’ai adoré l’écriture drôle-amer, comme dit Francis. C’est des ambiances décrites que j’affectionne vraiment. L’idée de la benne, du ménage quotidien qui espère qu’ainsi les jours passeront plus vites, comme un compte à rebours. J’ai beaucoup aimé. Oserais-je, un brin long cependant.