Jour 1 : depuis le pont

En plein cœur de la ville, un jour de soleil, de brise légère, de nuages, de ces gros nuages blancs cotonneux qui laissent le vent les emporter où bon lui semble…

La ville, à l’heure où décroit le jour, où la lumière parait soudain flamboyer…

La ville, traversée de part en part par un fleuve, long courant qui semble immuable… et pourtant…

J’observe depuis le pont ce qui s’agite, s’anime, s’affaire, bruit, grince, murmure et stridule en amont, en aval, autour de moi…

Voitures, bus, vélos en circulation dense ;

Citadins pressés, absents, encore au bureau déjà chez eux…

Bébés qui apprennent le monde du fin fond de leur poussette, bien présents eux à la vie d’ici et maintenant ;

Papis et mamies qui ont abandonné depuis des lustres le rythme effréné de leurs semblables plus jeunes ;

Et les touristes… Leur progression s’apparente à une mélodie de jazz, syncope rythmée par les poses photos au gré des curiosités croisées…

La lumière participe aux mouvements de la ville ; Les bâtiments s’éclairent puis s’éteignent au gré de la marche du soleil, de la course des nuages ; La lumière diapre le fleuve qui parait, au milieu de ce tumulte si égal à lui même… Il va sa route, paisible ou parfois ébranlé par quelque péniche ; mais il ne s’en laisse pas compter et reprend bien vite son écoulement tranquille…

Mais il ne faut pas s’y tromper, chaque parcelle, chaque goutte avance en ordre pas dispersé du tout, et jamais ne parcourt deux fois le même chemin ;

Le fleuve n’échappe pas à la réalité ; la vie va en tous sens ou en un sens mais aucune illusion n’est possible… rien n’est immuable…

Je quitte le pont, rassérénée… Rien n’est immuable, pas même les chagrins d’amour…

Par la Fée Clotilde