Géraldine avait parcouru tout le chemin qui séparait son école de sa maison à pied. La fillette le savait, ses parents n’allaient rentrer que dans une heure ou deux. Si elle avait tout d’abord prévu de rester dans le jardin en les attendant, la pluie, qui remplissait de flaques le perron sur lequel elle se trouvait, lui fit changer d’avis. La jeune écolière n’avait jamais mis les pieds chez ses voisines, deux jumelles, toutes deux demoiselles, qui la fascinaient. Elle ne les avait jamais vues que de loin et se sentait curieuse d’en savoir plus sur les deux silhouettes qu’elle voyait parfois s’esclaffer avant de franchir leur porte d’entrée, toujours bien habillées. Géraldine les avaient déjà observées de sa fenêtre et surpris le regard de l’une d’elle, elle ne saurait dire laquelle, qui s’était, en un instant, raidi.
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Catégorie : Lena
Les pieds dans l’eau, les algues aux narines, ma petite silhouette rit en tournant les yeux vers ma mère, les cheveux plus foncés et la peau plus jeune que maintenant. Je m’avance dans la mer et mouille mon maillot une pièce en un rien de temps. Je m’enfonce, m’enfonce… La tête sous l’eau, brusquement apparaît son visage… Jeune homme à la tignasse brune, qui me fait signe et puis s’en va plus vite qu’un banc de poisson. Je suis de nouveau à la surface, portée par de plus grandes jambes. Mes parents m’attendent au bord, le regard grave. Une culpabilité m’envahit, alors que j’aperçois une robe, un livre, un vinyle des Stones… emportés par l’eau. Je me rue dessus et nage vers le large, jusqu’à m’enfoncer et sentir l’eau salée dans mes poumons…
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Le vent dans le dos, on dévale la courte pente vers la mer. Les herbes hautes, un peu jaunies du soleil brillant qui ne parvient pas à masquer la fraîcheur de l’air, encadrent le petit chemin qui nous mène à cette pointe qui surplombe la baie. Je pousse Paul pour lui montrer l’amas de rocher caché derrière l’ajonc, jaune en cette saison estivale. On arrive finalement à mon temple maya à la mode bretonne, fait de granit couvert de lichen et entretenu par les goélands. L’air de touriste citadin de mon compagnon me fait doucement sourire, dans ce lieu où l’on apprend tout juste aux enfants à faire attention aux voitures, tellement leur nombre est négligeable.