Proposition d’écriture – Avril 2023

Les récentes manifestations, défilés, rassemblements sur les ronds-points, etc. m’ont rappelé une idée de proposition d’écriture que j’avais notée il y a quelque temps et qui me paraît intéressante de traiter : à savoir le groupe, ce gros paquet de gens avec qui on est bien obligés de vivre… ou avec qui on se réjouit d’être.
Cela va du groupe de retraités préoccupés par l’heure du repas ou de Japonais avec perches à selfie qui en débarquant du bus vous modifient carrément le paysage, au groupe de potes, de militants, de pratiquants d’un sport ou d’une activité. Le groupe d’emmerdeurs au camping ou au restaurant, ou le groupe qui se forme spontanément pour s’entraider dans une situation complexe…. Le groupe avec sa dynamique, ses courants internes, son côté agaçant ou chaleureux ; ce qu’il peut produire de formidable ou d’étrange, de sécurisant ou de malaisant. Pour ma part, un voyage organisé une seule fois dans ma vie il y a très longtemps m’a à jamais dégoûté de ce type d’expérience : le groupe et son exaspérante inertie, sa lenteur à s’ébranler. Le groupe qui selon la fameuse loi des groupes comporte toujours une ou un pénible qui vous pourrit le groupe. Il y avait tout cela…. Alors durant les seuls trois jours de la balade on a tout fait pour se tenir à l’écart du groupe. Qui forcément a dû nous trouver pas très groupe et du coup préjudiciables au groupe.
Il y a dans ce thème nombre de déclinaisons possibles pour de courtes fictions qui restituent du vécu de groupe ou qui permettent d’en chanter tant les louanges (le groupe solidaire, salvateur, qui fait du bien), que les défauts (l’échantillon de société avec tous ses travers et contraintes, inconvénients) :
– vivre dans/avec le groupe, le supporter à peine, l’abhorrer, en avoir peur, l’adorer comme une famille…  Ce qu’on peut devoir d’appartenir ou avoir appartenu à un groupe.
– subir la pression sociale du groupe qui attend qu’on se conforme à ses normes, même si cela va à l’encontre de nos propres convictions ou de notre personnalité… Ou alors ce que le groupe nous a mené à faire, avec ou contre notre volonté, que l’on déplore ou non…
– l’appartenance à un groupe (de camarades, de collègues, de touristes, de rock garage…) : comment peut-on s’y sentir, comment les conflits sont-ils résolus ou exacerbés ? Comment les relations peuvent-elles être affectées par ces conflits ? Pourquoi vouloir en être, de ce groupe, ou le fuir ?
– le groupe comme entité même : la moyenne intellectuelle du groupe (sa bêtise, quoi) ou alors son intelligence collective et la force tirée de l’union…
– les phénomènes de groupe : entraînement, esprit collectif, partage d’idées bonnes ou mauvaises… Je me souviens, c’est un exemple parmi d’autres, il y a très longtemps avoir lu une étude de sociologue qui expliquait (ou alors c’est dans les livres de Jean-Noël Kapferer ou dans celui de Véronique Campion-Vincent qui traitent des rumeurs et légendes urbaines) que nombre de rumeurs apparaissaient jusque dans les années 2000 dans les collèges au sein des groupes de jeunes filles (maintenant c’est sur Internet que les rumeurs surgissent). À ce propos, une amie m’avait alors raconté que son petit groupe de copines au collège avait trouvé un jour le contenu d’une boîte de trombones éparpillé dans la cour de récréation. Leurs supputations, l’imagination enflammée au sein du groupe, avaient alors fait naître toute une fantasmagorie qui avait confiné à la rumeur et les avaient effrayées un temps (je ne sais plus exactement ce qu’elles avaient bâti comme histoire entre elles à partir de si peu, mais c’était très étrange et inquiétant).
– les groupes marginaux, que l’on observe de loin : comment sont-ils perçus, comment se comportent-ils ou ceux aussi auxquels on appartient : comment vit-on, assume-t-on cette mise en marge collective ?

Il paraît que l’enfer, c’est les autres. La littérature ne traite pas que du groupe… Mais elle nous parle souvent de nos rapports à celui-ci, quel qu’il soit, de près comme de loin…
Alors : enfer du groupe ou groupe d’enfer ?


Photos ou vidéos apparaissant en haut : cc – Pexels.