Proposition d’écriture – Février 2023

Il y a longtemps dans cet atelier que je ne vous ai pas torturé avec une couleur.  Par le passé, ici, des nouvelles ont été écrites sur le thème > du bleu, et > du vert et cela avait très bien fonctionné (on ne dira jamais assez les talents déployés ici, sans flagornerie, qui se sortent des pires propositions…). Or ces dernières semaines, dans le cadre de mes autres activités, j’ai découvert une dénomination de couleur que je ne connaissais pas, le « > rose shocking » en entendant parler du « rose Mistinguett » (le rose Mistinguett est à ne pas confondre avec le rosé Mistinguett qui est un cru classé de Côtes de Provence). Le rose Mistinguett ayant été en fait une dénomination temporaire de ce qui est de façon générique le « rose shocking » (On apprend parfois plein de choses qui ne servent à rien et sont difficiles à placer dans les dîners en ville, mais heureusement mon boulot est de trouver à m’en servir).
Personnellement, je ne connaissais que > le rose Pompadour, ou le « vieux rose » (aussi nommé > « cuisse de nymphe émue ») qui fait le bonheur aujourd’hui des flacons de parfum ou des tapissiers nostalgiques de l’aristocratie.  En fait, chaque fois au XXe siècle qu’une actrice, une comédienne, une célébrité du spectacle, s’est emparé d’un rose bien pétant, en nuance de fuschia, pour se faire remarquer, on lui a donné son nom. Il y a eu ainsi un rose Marylin Monroe, promu et intitulé par la couturière Elsa Schiaparelli, shocking pink (c’est son invention : le shocking pink, c’est le rose Schiaparelli). (Vous suivez toujours ?). Je ne sais pas s’il y a eu une tentative d’intituler un > rose Roselyne Bachelot, mais cela a été du moins proposé sur les plateaux télés et les marches de l’Élysée par celle-ci.  Résumons : toutes ces fantaisies roses se classent donc sur l’appellation de rose shocking et nous mènent jusqu’au  > hot pink de mademoiselle la milliardaire désœuvrée Paris « Instagram » Hilton, voire au > « rose le plus rose » de l’artiste Stuart Semple en guerre avec Anish Kapoor et son noir le plus noir.

Punk  Pompadour tel qu’aurait pu le peindre Fragonard

Pourquoi s’intéresser au rose ? Parce que l’histoire du rose est longue, sinueuse : autrefois, le rose (dit « incarnat »), en deçà du rouge (la puissance), était une couleur masculine, guerrière (> voir ce coquet coquin d’Henry IV). Il devient aristocratique et compassé via notamment Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour et duchesse de Menars, dite Madame de Pompadour.  Puis, en gros au fil du temps et de revirements, c’est devenu à la fois une couleur de rébellion via les punks (> Vivienne Westwood et > Malcolm Mclaren), Act Up (reprenant le rose que les nazis infligeaient aux homosexuels), ou encore la > révolution des saris roses en Inde, etc. On en passe de roses et de bien mûres : > Wikipédia vous raconte tout cela (avec une erreur toutefois en l’assimilant à la cuisse de nymphe émue).  Il y a aussi le fait que le rose est venu seulement > dans les années 80 au petites filles (jouets compris), à cause du marketing du commerce de la fringue (combiné aux… progrès de l’échographie !). Car oui, le rose pour les fillettes, c’est récent ! On a même eu droit au rose fluo avec le débardeur ou le crop top lycra combo petit nombril accompagné de noir dans les années 2000 (> 2,50€ sur Vinted, le débardeur année 2000 ; est-ce une bonne affaire ?) pour sexualiser jusqu’à ces mêmes petites filles, au point à l’époque de faire couler beaucoup d’encre… Mais roses le « petit top », la mini-jupe ou la robe fourreau sont, cela étant, des combines de mode qui reviennent cycliquement.

Il devrait voir quelqu’un.

Bref le thème « rose » est un sujet adapté pour entrer dans n’importe quel type de fiction, de thématique, même si ce n’est pas la seule couleur qui le permet : de pâle à hot, il court de la virilité guerrière de jadis à la maladie de langueur, de l’aristocratie corsetée au papier-peint de mamie, de la provocation et l’affirmation sexuelles à la marge, à la révolte ou la rébellion, à l’enfer des goûters d’anniversaires ou des rayons « genrés » de jouets chez les défunts magasins Toy’sRus.
Le rose, enfin, est contenu dans quelques des expressions : de la vie en rose (ou pas très rose), bien évidemment, à l’homme rose (en référence à la couleur, et parfois en mode péjoratif : « homme doux, compréhensif, qui exprime ses émotions et partage les tâches ménagères ». Certains disent « déconstruit ». Sa compagne, elle, voit sans doute toutefois davantage la vie en rose). Et puis, il y aussi les éléphants roses, toujours abondants, sinon inquiétants dès lors qu’ils apparaissent chez le mec qui ne fait pas le repassage.

Alors ? Votre/vos personnage(s) correspondent à quel rose ? En portent-ils ? L’adorent-ils, le détestent-ils ? Vivent-ils dans du rose ? Brandissent-ils de la révolte rose ?  Leur vie est comment, rose ou non ? Sont-ils candeur, candy,  barbapapa, marshmallows, loukoums ? Est-ce punk ou vieille France ? Est-ce rose fané ou rose fluo flashy ?
À vous alors de voir les choses en rose ! Une nouvelle… mais, vous l’avez compris, pas forcément (même si vous en avez totalement le droit)… à l’eau de.


Images créées avec Midjourney.