Proposition d’écriture « roman » – mai 2023

Si vous étiez de l’atelier « roman » de mars, vous vous souvenez sans doute de « La Drago », l’impossible Mme Dragoslava Vasić qui surveillait la vie de l’immeuble et voulait y faire la police comme toute snajper baba serbe. J’avais trouvé ce personnage dans le petit livre ci-contre. J’avais prévenu aussi que j’avais déniché un autre sujet de torture pour ce mois-ci. En l’occurrence, il s’agit cette fois du fils (ou de la fille) de monsieur Sharma, heureux homme dont les jumeaux sont parfaits.
Si vous êtes d’origine indienne, il est fort probable que vous ayez entendu parler des enfants de monsieur Sharma. Les enfants de monsieur Sharma par exemple participent à des ateliers d’écriture, mais franchement, ils sont vraiment meilleurs que vous et ils écoutent les conseils qu’on leur prodigue (ainsi, sur les chutes de nouvelles et l’écriture des dialogues). Les enfants de monsieur Sharma envoient CHAQUE ANNÉE des étrennes à l’animateur de l’atelier d’écriture ; ils lui font RÉGULIÈREMENT DES DONS SUBSTANTIELS. Ils ne cessent de vanter ses mérites… Vous, non, hélas : alors que les enfants monsieur Sharma, EUX, le font. Tenez, voici pourquoi en un scan :

Cette idée qu’on se heurte en permanence à la comparaison avec les enfants de monsieur Sharma m’amuse en vérité énormément. Car c’est forcément… infernal (en fouinant sur Youtube on découvre qu’il y a nombre de sketches indiens qui cherchent à régler leur compte au fils de monsieur Sharma). Je vous propose donc pour cet atelier (d’ailleurs si les enfants de monsieur Sharma y avaient participé, ils auraient certainement proposé des textes épatants), d’écrire collectivement, comme avec La Drago, via chacun-e votre propre chapitre, soit le roman collectif d’un enfant de monsieur Sharma (seulement le fils, ou seulement la fille, ou les deux — faites comme vous voulez si cela vous est plus facile). En fait, l’idée serait que chacune-e apporte son témoignage, son récit, un épisode lors duquel vous vous avez été retrouvé-e en face de / aux côtés de / comparé à / en compétition avec / en conflit avec / associé avec / (etc.) d’un enfant (fille ou garçon) de monsieur Sharma, ou des deux, dans une période de son choix (mettons, entre les années 70 [la petite enfance] et aujourd’hui [si je tiens compte des données démographiques de cet atelier — que je ne connais pas d’ailleurs, mais que j’évalue au doigt levé]), où vous voulez en France où à l’étranger, en situation professionnelle, dans la vie quotidienne, en voyage, en vacances, au sport, à l’école, en réunion de copropriété, dans un commerce, en soirée… Que sais-je…  Vous pouvez aussi rapporter l’épisode au « il/elle » en narration distante, sans être vous-même impliqué-e. L’ensemble des chapitres de chacun-e va nous esquisser au final une biographie partielle, en ellipses, de l’enfant (fille ou garçon) de monsieur Sharma, ou des deux… et nous dire ce que c’est que d’avoir connu un ou les deux enfants de monsieur Sharma.

Les enfants de monsieur Sharma sont deux jumeaux nés en 1972. J’ai décidé que le garçon se prénomme Jai (dérivé de l’occidental Jay, mais qui signifie « maître, lord » en sanskrit) et la fille Isana (contraction de l’occidental Isabelle-Anna, mais qui signifie « souveraine » en sanskrit) — les Indiens jouant visiblement sur l’homonymie des prénoms entre les pays occidentaux et leur propre culture. Les enfants de monsieur Sharma, Jai et Isana, sont Français puisque nés en France, d’une éducation totalement occidentale, et selon les circonstances ou leur fantaisie, se sont faits prénommer en sanskrit ou en occidental au gré de leurs séjours et études multiples à Paris, Londres et en Californie, car les enfants de monsieur Sharma parlent plusieurs langues avec une facilité déconcertante.
Les parents Sharma (Hari et Indira) étaient d’heureux restaurateurs qui ont longtemps tenu le fameux « Ganesh Palace » dans le 18e à Paris (5 étoiles sur TripAdvisor et dont les cheese naan à la Vache qui rit ont toujours été plébiscités) avant de le revendre lors de leur départ en retraite à Arun Malhotra, un cousin industrieux qui tenait déjà une boutique de splendides saris et de tableaux en plastique à effets décoratifs lumineux épatants près de la gare de l’Est.

Vous avez bien noté que Jai et Isana, le fils et la fille parfaits de monsieur Sharma, qui sont de beaux enfants, et, vraiment, de belles personnes, sont meilleurs en tout, ils savent tout, ils ont tout fait. depuis toujours, ils font tout mieux que tout le monde… Ils ont un CV et une carrière de ouf, et ce, dans des domaines et des secteurs très divers.  Et forcément tout le monde les adore et les admire. Ce qui est formidable, c’est qu’ils sont gentils, sympathiques, prévenants, civils, courtois… Ils n’affichent aucune arrogance. Ils ont cette humilité des gens modestes à qui tout a réussi naturellement, et qui n’en tirent aucune gloire parce que le monde leur paraît ainsi doucement conçu pour eux depuis toujours… (Il faut dire que les enfants de M. Sharma sont bien élevés). Talentueux, brillants, imaginatifs, mais restés simples… Certes, ça pourrait les rendre exaspérants… Mais peut-on vraiment s’agacer d’une telle perfection ? Ne serait-ce pas franchement indécent de critiquer un enfant de monsieur Sharma  ?

Voilà… c’est à vous (vous avez bien dû croiser un des deux enfants de monsieur Sharma ou son équivalent ? Souvenez-vous…). Attention, tout de même : les enfants de monsieur Sharma, eux, sont toujours inspirés. Ils écrivent des textes formidables malgré les propositions d’écriture invraisemblables. Pensez bien donc à eux en nous racontant : comment les enfants de monsieur Sharma auraient-ils écrit chacun leur chapitre ?
N’hésitez pas à me poser des questions pour plus de précisions (cela étant, les enfants de monsieur Sharma, eux, comprennent tout de suite).


Image : poster indien d’un film de 2017, Sharma ji ka beta

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Horripilants les enfants de ce monsieur, non ?;D

Édité 11 mois depuis que c'est paru - par Khea