Texte de Patchwork

Et voilà, ça ne sera que le quatrième de toute façon…. Le quatrième … en quatre ans ! On est en mars … c’était attendu !

Enfin pour être  franche, j’espérais cette année y couper… Ben non ! elle aura attendu le 29…. Presque la date limite mais elle n’aura pas dérogé à son rituel…

Elles m’avaient prévenu pourtant les autres … mais on  n’y croit pas : «  Pas moi non, pas moi ; moi je suis autre, moi je ferai mieux ou tout au moins avec moi, elle fera mieux, elle prendra soin, elle aura acquis une certaine sagesse … Bon, il serait tant que je mette un bémol à mon arrogance … parce quatre fois en quatre ans !   Alors qu’est-ce que j’ai cette fois-ci… Attendons un peu : elle va voir.   Ok, déjà , rien de corporel pour…… l’humanoïde qu’elle est et qu’il est lui ..mais nous ben nous on a encore pris : lui là devant qui était normal,  hein il demandait rien,  il transportait ses cocas tranquillou, il avait presque fini sa journée à 17h (oui, ici on termine à 17 h…)   ben lui il a l’arrière un peu touché,  un peu vu que c’est un mastodonte et que c’est pas moi toute petite et fragile qui pourrait lui avoir fait grand mal… Et moi   j’en suis pour « ses frais » ! Au moins quatre semaines d’immobilisation entre la visite à l’expert, le passage chez le mécano, la convalescence et la rééducation chez le tôlier et la dernière visite de contrôle chez l’expert vu qu’il voudra me revoir …A elle les taxis et les attentes aux heures de pointe… Lève-toi plus tôt ma grande ! Je manque de bienveillance, vous trouvez … Elle, elle en a de la bienveillance pour moi ? Elle avait qu’à faire attention… d’autant plus qu’elle le sait : « Méfie-toi de mars.. » Je ne sais pas ce qu’elle fête ou ne fête pas d’ailleurs mais c’est du coup notre mois fatidique !   Elle a des excuses, vous dites ? Oui elle en a toujours :  là, elle avait oublié qu’elle avait un rendez-vous … un rendez-vous,    non non ce n’est pas ce que vous croyez , pas un plan-c.., un 5 à 7 (ça existe encore ce truc ? ) , non, elle c’est toujours un rendez-vous boulot :  faut vous dire qu’elle est une femme libérée donc pas libre du tout : boulot, boulot, gosses à élever seule vu que son mec est parti ou qu’elle l’a fait partir c’est selon les points de vue ;    tout le monde voit midi à sa porte hein ! donc rendez-vous boulot, gamins, heures sup à faire pour arrondir les fins de mois…   Et voilà là elle a arrondi sa fin de mois parce qu’à mon sens c’est elle qui sera déclarée en tort … comme trois fois sur quatre d’ailleurs … donc reprenons, nous disions qu’elle allait un peu vite et le mec devant au dernier moment sans prévenir, il a tourné à droite et il est arrivé ce à quoi il fallait s’attendre….

Quand même pourquoi qu’elle fait ça ? Elle n’ ressemble pas à son père   lui alors qu’est-ce qu’il soignait notre gente ! Aux petits soins : jamais une égratignure, on était bichonnées, lustrées, lavées et relavées, parfumées, pas une égratignure, pas un feu qui manque ou tant soit peu même défaillant, les chromes étincelants …. Ah ! On peut rêver ! On peut …Mais qu’est-ce qui se passe ? Aie , mon arrière , j’ai mon coffre tout enfoncé et le pare choc par terre … mais c’est qu’il m’est rentré dedans le type…il m’a pas vu qu’il dit … Un aveugle après une écervelée…! C’est mon jour !

Par Patchwork

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Comme Groux, Patchwork a décidé de personnaliser la voiture. C’est un texte « d’humeur » (elle n’est pas hyper ravie, la voiture, là… !), qui se déroule sur un temps court, sans interaction/dialogue avec l’alentour. Il faut, pour réussir ce genre de texte, le « tenir » par une narration enlevée, pour ne pas que ça vire au monologue lassant : Patchwork y parvient très bien. Elle a une certaine « gouaille », cette voiture, un peu cinglante et peut-être même de mauvaise foi, qui la rend tout de suite attachante. Il y a des vraies formules qui font mouche dans le cynisme (« une femme libérée, donc pas libre du tout », par exemple), et qui contribuent aussi à cette narration vive. Bref : elle m’a bien plue, cette bagnole !

Je pense, Patchwork, qu’il y a un truc que tu n’as fait qu’effleurer et qui serait pourtant intéressant à creuser : c’est quelque chose de l’ordre du ressenti, ou de la douleur. Il y a juste un « aie, mon arrière », à la fin du texte, et je pense que c’est soit trop, soit trop peu. Et en l’occurrence, je penche à titre perso pour le « trop peu », tu l’as compris. En lisant ton texte, je me suis dit qu’il manquait cette dimension. Ta voiture est personnalisée, mais elle décrit les choses finalement sans ressenti « physique », d’une manière assez extérieure. Et je trouve que ça pourrait être sacrément intéressant d’aller travailler comme si elle était un corps, un vrai. Je crois qu’il faut que lui gardes son côté cinglant, ça c’est très bien trouvé, donc il ne faut pas insérer de douleur larmoyante, mais une douleur qui rendrait encore plus « remontée » et cassante, ça pourrait être chouette (sans doute en jouant sur les termes mécaniques comparés à des termes anatomiques… Une luxation du carbu ? Une fracture ouverte des soupapes ? Enfin à voir, quoi… !)

(présentation de Patchwork)

Enseignante à l’étranger, j’aime écrire et aider à écrire (j’anime dans le cadre de ma profession quelques petits ateliers niveau primaire et collège)

Merci Gaëlle, mille mercis… Tes remarques judicieuses et ta bienveillance me sont précieuses… Oui maintenant que tu le dis que tu (l’écris) tout : cette dimension du physique manque … Mais c’est rigolo : c’est moi qui ne livre que rarement mes émotions et donc ça rejaillit sur mon écriture ; mais ça va me faire avancer… Je cours à mon texte… Et tente de voir tout ça…!

TEXTE RETRAVAILLE

Et voilà !! Voilà…Encore un !
Et cette fois-ci, apparemment au « son des bruits » de ma carrosserie, un phare au beurre noir, un pare-choc choqué et défait, une aile envolée et certainement une rhinofiltrite qui à tous les coups va évoluer en polyfiltrite… Je me connais ! Et je la connais, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère… Là elle a carrément pris la louche !
Bon, ça sert à rien d’élucubrer, je suis rôdée !! Ça ne sera que le quatrième de toute façon….
Le quatrième … en quatre ans quand même ! Oui, c’est une fidèle à sa manière ! On est en mars … c’était attendu !
Enfin, pour être franche, j’espérais cette année y couper…
Ben non ! Elle aura attendu le 29…. Presque la date limite mais elle n’aura pas dérogé à son rituel…
Elles m’avaient prévenue pourtant les autres … mais on n’y croit pas : « Pas moi non, pas moi ; moi je suis autre, moi je ferai mieux ou tout au moins avec moi, elle fera mieux, elle prendra soin, elle aura acquis une certaine sagesse … ». Bon, il serait tant que je mette un bémol à mes illusions … parce que quatre fois en quatre ans, je devrais être vaccinée ! Alors ? Elle se bouge, oui ou…
OUI, elle descend !
Elle va voir ce que j’ai cette fois-ci…
Non, même pas … elle va voir l’autre… et elle respire : ça va, rien de corporel pour…… l’hominien qu’il est, lui …
Mais nous, ben nous, nous les carcasses , on a encore pris : lui, là devant, qui était normal, qui roulait pépère, hein il demandait rien, il transportait ses cocas tranquillou, il avait presque fini sa journée à 17h (oui, ici on termine à 17 h…) ben lui il a l’arrière un peu amoché, un peu, vu que c’est un mastodonte et que c’est pas moi toute petite et fragile qui pourrait lui avoir fait grand mal, une 106 hein c’est pas une 2008 ni même une 508 ou une 308, non je suis une 106 ! Même une sans rien maintenant ! Si, la douleur… J’ m’plains pas, mais ça veut pas dire que je n’ai pas mal … Je suis une stoïque, moi !!
Elle fait le constat… Ou ahou, admirez, cette aisance ! On voit qu’elle a l’habitude … Elle m’a même pas vraiment regardée ; pas un geste de compassion pour mon état, pas un zeste de contrition pour son écart de conduite … Elle constate, froidement, Madame !
Allez tant pis j’en serai pour « ses frais « et j’espère qu’ils seront gros ! A moi, la douleur, à elle, la douloureuse !
Alors , à vue de phare ( celui qui me reste) au moins quatre semaines pour MÔA d’immobilisation , de farniente , de bichonnage entre la visite à l’expert, le passage chez le mécano, la convalescence et la rééducation chez le tôlier puis la dernière visite de contrôle chez l’expert vu qu’il voudra me revoir … Je m’arrangerai bien avec un ou deux apprentis un peu flemmards pour obtenir une petite prolongation de congé, histoire de la faire sortir de ses gonds !!
Et Pour ELLE… Hé hé ! A elle, les taxis et les attentes aux heures de pointe… Lève-toi plus tôt ma grande ! Non, t’as pas le temps de prendre ton café… Allez ouste… Il pleut ? Ben oui les giboulées de mars en avril ! Et puis hein ne te découvre pas d’un fil surtout … en mai tu pourras faire ce qu’il te plait… si je suis revenue…
Mais d’ici là, allez « Taxi, taxi…TAXI !! ». Je me régale d’avance ! Je bois du petit carburant, de la petite essence, de la plus fine, de la super, de la plus chère !!!
Je manque de bienveillance, vous trouvez … Elle, elle en a de la bienveillance pour moi ? Elle avait qu’ à faire attention… d’autant plus qu’elle le sait : « Méfie-toi de mars.. ». Sa petite voix le lui répète toujours dès février ! Je ne sais pas ce qu’elle fête ou ne fête pas d’ailleurs mais c’est du coup notre mois fatidique !
Elle a des excuses, vous dites ? Oui elle en a toujours : là, elle avait oublié qu’elle avait un rendez-vous … un rendez-vous, non, non ce n’est pas ce que vous croyez, pas un plan-c.., un 5 à 7 (ça existe encore ce truc ? ) , ça lui ferait du bien pourtant et elle me traiterait un peu mieux certainement car vous connaissez le proverbe : « Qui baise bien châtie peu » .. C’est pas ça ? Ah bon, vous êtes sûr ? J’croyais, j’ai du mal entendre, parfois vous savez, j’ai les filtres à air bouchés, ensablés.
Bon bref ! Madame, elle, c’est toujours rendez-vous boulot : faut vous dire qu’elle est une femme libérée donc pas libre du tout : boulot, boulot, gosses à élever seule vu que son mec est parti ou qu’elle l’a fait partir c’est selon les points de vue ; tout le monde voit midi à sa porte hein ! Donc rendez-vous boulot, gamins, heures sup à faire pour arrondir les fins de mois…
Et voilà… Là, elle l’a bien arrondie sa fin de mois parce qu’ à mon sens et surtout à mon essence qui se répand sur la chaussée, c’est elle qui sera déclarée en tort … comme déjà trois fois sur trois d’ailleurs, sans compter les fois d’avant moi… Donc reprenons, nous disions qu’elle allait un peu vite ( léger euphémisme !) et le gus devant au dernier moment sans prévenir, il a tourné à droite et il est arrivé ce à quoi il fallait s’attendre….
Quand même pourquoi qu’elle fait ça ? Elle n’ ressemble pas à son père… Lui alors ! Qu’est-ce qu’il soignait notre gente ! C’est les copines qui m’l’ont dit !Aux petits soins qu’il était ; jamais une égratignure, on était dorlotées, chouchoutées, lustrées, lavées et relavées, parfumées, pas une égratignure, pas un feu qui « manquât » ou tant soit peu même défaillant, les chromes toujours, étincelants, rutilants, affriolants ….J’en ai le châssis qui m’chatouille ! Un homme charmant ! Un monsieur ! Un gentleman ! Ah ! On peut rêver ! On pe …
Mais qu’est-ce qui se passe ? Aie, mon derrière, pardon mon arrière-train, mon coffre quoi ! Si je dois vous mettre les points sur les « i » !
J’ai la bonbonnière tout enfoncée, défoncée, emboutie, emplafonnée, je sens venir une hémorragie de mon tuyau d’échappement, celui qu’on m’a greffé l’an dernier … en mars ! Aie ! J’ai des pertes de partout : mon pare choc arrière tout ébaubi sur le macadam !! Ma plaque d’immatriculation inidentifiable … Ah ! Je sens que je vais tourner du feu arrière gauche…
Mais c’est ce type, ce type… c’est qu’il m’est rentré dedans ce type… Il m’a pas vue qu’il dit ! Il m’a pas VUE !!
C’est mon jour ! Une écervelée et maintenant un aveugle qui plus est sodomite…
Au secours, à l’assassin, à moi, je me meurs, je suis morte, je… Une carabine, donnez –moi une carabine… non une matraque…une ma… Mon arbre de transmission, oui … Donnez-moi mon arbre de transmission …

Super la deuxième version de ton texte Patchwork! J’aime le rythme de ton écriture et je sens que la voiture est davantage incarnée que dans ta première version (phare au beurre noir, pare-chocs choqué…).

Bonne continuité!

J’adooooooore littéralement cette version 2, qui donne beaucoup plus de « personnalité » à cette voiture. On y retrouve toujours le sens de la formule (« A moi la douleur, à elle la douloureuse », j’ai ri!). Bref: beau boulot 😉 . Bravo!

ah oui oui ta 2ème version est encore mieux, pleine de vie et elle a un sacré bagou cette voiture! Et elle est balaise en anatomie mécanique (ça donne vraiment bien!). Je me demande quand même pourquoi sa conductrice se plante tous les ans en mars, ça attise ma curiosité.

moi aussi ça m’a titillé, ce mois de mars, mais comme ça on est libres de nos interprétations… Moi c’étaient les entorses, tous les ans à la même période, et puis ça s’est arrêté comme c’était venu!

Oui Bravo pour cette deuxième proposition. A la version une, j’avais eu du mal à me laisser embarquer, les premières phrases étaient trop en patchwork pour moi 😉 mais là, c’est cohérent, rythmé, amusant et on a envie d’en savoir plus sur le pourquoi !

Le pourquoi ??? Ah….. La commémoration d’un anniversaire transgénérationnel me tenterait bien !!! …. Ceci étant dit , il serait assez intéressant de travailler à la version de la conductrice justement …

Super 2ème version, ton style est vif, léger, drôle, les formules sont bien trouvées, on se fait embarquer!
Merci Patchwork!

Coucou et merci pour vos retours…. Moi aussi je me « suis régalée » de lire chacun de vos textes ; ces échanges sont très dynamisants et c’est formidable et formateur de voir comment les secondes versions gagnent en fluidité, équilibre … Jubilation de l’ecriture… A bientôt alors !