Texte de Groux

Des jours et des jours que je roule. J’ai dit à mes amis que je partais me ressourcer en pleine nature, loin de tout. Je leur ai expliqué avoir l’impression de suffoquer dans cette vie, de ne plus me reconnaitre dans ce quotidien. J’ai laissé les clés à ma sœur et posé tous les congés qu’il me restait. J’ai ressorti du garage mon vieux camping-car des années 60 et suis parti sans me retourner, sans destination précise.

Je ne peux pas leur expliquer ma démarche, personne ne comprendrait. Au mieux, ils croiraient que je suis malade, au pire ils me verraient comme un illuminé.

Il y a quelques temps, le regard des autres m’aurait freiné, m’aurait fait reléguer mes désirs dans un coin de mon cerveau. Aujourd’hui, je me sens prêt à assumer qui je suis et ce que je veux.

La route défile sous les pneus de mon combi. Je cherche un endroit isolé. L’idéal serait de camper au bord d’un lac, perdu au milieu d’une forêt. Pas trop loin d’une ville, que je puisse aller me ravitailler, mais suffisamment éloigné pour qu’aucun intrus ne vienne m’importuner et que je puisse vaquer tranquillement à mes occupations.

Comme chaque matin, après mon café pris face au lac et au soleil qui se lève, je vais prendre ma douche. Aujourd’hui, pourtant, je m’attarde plus longuement sur mon reflet dans le miroir. Je suis méconnaissable. Une barbe me mange les joues, mes cheveux ont poussé et sont complètement indisciplinés, ma peau est tannée par le soleil. Je regarde mes yeux. Mes yeux si particuliers, qui font se retourner les gens, qui font qu’en soirée, chaque personne me remarque, et vient obligatoirement me parler afin de voir ce phénomène de plus près. Jusqu’à présent, cela me mettait mal à l’aise, j’aurais préféré me fondre dans la masse. Aujourd’hui, je suis fier de mes yeux, l’un bleu, l’autre marron. Comme s’ils témoignaient de tout ce que je peux être, de ma dualité, de la multiplicité de mon être, de ma différence.

Il me faut aujourd’hui aller à la petite ville jouxtant la forêt, me ravitailler. Comme à chaque fois, je laisse mon véhicule et me déplace à pieds. A la moitié du chemin, la pluie se met à tomber. J’aime la sensation de l’eau glissant contre ma peau, de mes cheveux se collant contre mon front, de mes vêtements se plaquant contre ma peau.

En arrivant au village, les rues sont désertes. Les habitants se sont précipités à l’abri, col relevé, parapluie ouvert. J’ai l’impression que la ville m’appartient.

Un frisson de froid me traverse le dos. Je n’avais pas prêté attention au vent qui s’était levé. J’ai besoin de me réchauffer. Devant moi, une petite porte dérobée avec un petit panneau de bois indiquant un bar. J’ai l’impression d’être transporté des siècles en arrière devant cette devanture et décide de pousser la porte.

Il faut du temps pour s’acclimater à la pénombre de la pièce. Les yeux sont obligés de cligner plusieurs fois pour s’habituer et tenter de voir quelque chose. Une odeur de cigares, de cuir et de café saisit quiconque pousse la porte et ose s’aventurer à l’intérieur.

La pièce est grande mais donne une atmosphère calfeutrée. Aucune fenêtre ne vient habiller les murs. La lumière est apportée par de grosses ampoules descendant du plafond, amenant une douce lumière orangée. Les va-et-vient des passages font bouger ces longs fils de lumière, entrainant un jeu d’ombres chinoises. Les visages ne sont jamais entièrement révélés.

Les murs sont faits de grands panneaux de bois sombres. Quelques vieilles peintures y sont accrochées et ont eu leur temps de gloire il y a de nombreuses années. Aujourd’hui, la fumée des innombrables cigarettes les ont délavées, ternies. Pour certaines, on ne devine plus qu’on ne les voit les personnages.

Au fond de la pièce, une grande bibliothèque regroupe différentes boites de cigares, quelques vieux rhums et whiskys et des livres jamais ouverts, recouverts d’une épaisse couche de poussière.

Une grande caisse de bois est posée tout en bas, remplie de tous les objets oubliés par les clients. On y trouve des lunettes, des briquets, de vieilles lettres d’amour, quelques couteaux, un revolver ainsi qu’une veste ou une paire de chaussures… un bric-à-brac à l’image des occupants du lieu.

Dans son prolongement, le comptoir du bar. Un comptoir en bois, imposant, immuable. Poli par toutes les mains qui se sont appuyées dessus. Prolongé au fond par un grand miroir, agrandissant la pièce, déformant les gens et objets. A chaque extrémité, une lampe à l’abat-jour piqué.

De vieilles tables bancales en bois vieilli sont disséminées dans la pièce. D’étranges figures géométriques ont été formées par les ronds des verres ou des tasses à café, par les brûlures de cigarettes, par les différents chocs reçus. Des chaises au dossier rond et ajouré les entourent, complétées par d’autres, rajoutées au gré des bagarres.

Près des murs, de vieux fauteuils en cuir, usés et défraichis d’avoir trop servis. D’anciens jeux de cartes sont abandonnés sur les tables basses leur faisant face.

Des ventilateurs de plafond tournent paresseusement, brassant un air chaud et rance.

Le parquet grince lorsqu’on s’avance dans la pièce. Sur la droite, un vieux juke-box occupe un des angles. Il diffuse encore des vieilles musiques grésillantes de jazz américain des années 30.

Au centre, la pièce maitresse. Un piano droit en bois, relativement en bon état en regard du reste de la décoration. Ses touches sont en ivoire. Le bois est brut et abimé. Vieux gréement ayant traversé les décennies. Face à lui, un banc au cuir déchiré. L’ensemble raconte des histoires sans parler, invite à l’écoute et à l’instant présent. N’importe qui peut venir jouer.

C’est ici, à cet instant, que tout a commencé. Au milieu des ronds de fumée, des rires d’hommes et des sourires des femmes. Au milieu des cigares, des verres de scotch et des jeux de cartes. Au milieu des senteurs de nicotine, des odeurs d’alcool et des parfums capiteux.

Lorsque, glacé par la pluie, j’ai osé pousser cette porte et m’aventurer au milieu des habitués. Lorsque j’ai vu ce piano et que j’ai effleuré ses touches du bout des doigts. Lorsque j’ai pris place dans un de ces fauteuils et que le temps ait semblé s’arrêter.

Tout ce que j’avais pu contenir durant toutes ces années s’est mis à déferler en moi, torrent impétueux et sauvage.

Je regarde les clients autour de moi. J’aperçois cette belle dame brune, au regard vague. Elle semble triste. Un seul verre, presque vide est posé devant elle. Verre de cognac me semble-t-il. Je pourrais surement lui en proposer un autre.

Il y a aussi ce groupe de jeunes filles. Une s’est retournée pour me regarder lors de mon entrée et m’a adressé un petit sourire timide. Mais ses amies rigolent fort, cela m’insupporte.

Je vois également le profil de cette jeune femme blonde. J’aime la délicatesse de son nez et la finesse de ses mains que l’on voit, tenant l’anse d’une tasse à café. Je la fixe, hésitant à me lever pour aller lui parler, lorsqu’un homme arrive et l’embrasse dans le cou.

Je sens un regard fixé sur moi. Un jeune homme brun, yeux noirs, barbe de quelques jours savamment travaillée. Son regard me transperce, m’aimante. Je le trouve beau.

Je sens au fond de moi que ce soir, enfin, j’oserai aller aborder quelqu’un. Que je laisserai ma timidité de côté.

Je fais signe au serveur, afin qu’il vienne prendre ma commande. Je demande un verre de bourbon. Je n’en ai jamais pris mais il me faut me donner une contenance.

Je continue d’observer les occupants du lieu quand une voix chaude et grave me fait sursauter. Le jeune homme brun. Sans me demander mon avis, il s’assoit dans un des fauteuils me faisant face et engage la conversation. Ses yeux pénétrant les miens, il me dit qu’il est lui aussi seul ce soir dans ce bar. Qu’il n’aime pas boire sans quelqu’un lui tenant compagnie, qu’il trouve encore plus dommage de me voir seul et que la soirée lui serait bien plus agréable à mes côtés.

Je lui souris et accepte. Cela sera donc lui ce soir.

Il se révèle d’une compagnie charmante. Après plusieurs verres partagés, je me risque à quelques allusions d’intimité. Il me propose alors que l’on aille prendre un taxi pour aller chez lui. Je m’imaginais cela plus difficile. Lorsque nous quittons ce bar, je sens l’excitation m’envahir et la fébrilité me gagner. C’est la première fois que je vais le faire. Une sorte de calme glacé m’envahit à cette idée. Je sais exactement quoi faire.

Mes doigts viennent alors toucher le métal glacé du couteau que j’ai emporté. L’excitation monte encore à ce contact.

Il se tourne alors vers moi tandis que le taxi se gare. Il me fait un large sourire en m’ouvrant la portière, m’invitant à monter…

D’étranges pensées se bousculent dans ma tête au fur et à mesure que le taxi avance dans la ville endormie. J’ai imaginé tellement de fois ce moment, j’ai envisagé toutes les façons de procéder. Je tourne la tête vers lui, il me sourit. Son air tendre et doux m’émeut. Il me prend la main, me fait des petites caresses. Une pointe de culpabilité m’envahit, que je refoule immédiatement. Je ne dois pas m’éloigner de mon but. Je serre le couteau dans ma poche, comme un totem, un talisman.

Je repense à mon adolescence. J’étais fasciné par les dissections et la médecine. Les muscles, les tendons, les cartilages n’avaient plus de secrets pour moi. J’étais subjugué par l’incroyable complexité du corps humain. Là où certains affichaient les posters de leurs idoles, moi j’ornais mes murs de grandes planches d’anatomie.

Le contact de sa main sur mon bras me fait revenir à la réalité. De son doigt, il suit le trajet de mes veines saillant sous ma peau. Un frisson me parcourt, je ferme les yeux une seconde. Sa main remonte vers mon cou, ses doigts viennent s’emmêler dans mes cheveux.

J’assiste comme un spectateur aux transformations que mon corps opère. Mon souffle s’accélère, mon rythme cardiaque se désordonne, mes sens sont en alerte. Je me tourne alors vers la fenêtre. Il faut que je me recentre sur mon projet.

Cela fait tellement longtemps que personne ne m’a touché. Dans mes scénarios, je n’avais pas anticipé que mon propre corps pourrait me trahir pour un peu de douceur, un peu de contact physique. Je serre les dents, la rage me reprend.

Les lumières défilent, comme des flashs dans la nuit noire. Je me ressaisis, il ne faut pas que je sois trop distant. Il me faut jouer le jeu également, gagner sa confiance pour pouvoir mieux le frapper en plein cœur.

Je me penche vers lui et ma main vient esquisser une caresse sur sa joue. Je sens les picotements de ses poils le long de mes phalanges.

Le taxi ralentit et s’engage dans un petit chemin de terre mal éclairé. Une forme sombre au loin laisse deviner une maison entourée de grands arbres sombres. Quelques pas nous mènent à l’entrée. Je suis mon hôte à l’intérieur. L’excitation me reprend tandis que je m’avance dans le salon.

Alors que je m’installe dans le canapé, je l’entends sortir des verres et me proposer une coupe de champagne.

Mes yeux font le tour de la pièce, je m’imagine porter mon premier coup sur ce grand tapis noir. Et tandis qu’il serait à genoux face à moi, l’empoigner par les cheveux et le trainer sur le carrelage froid. Je viendrais alors m’allonger contre lui, et pendant que ma bouche viendrait s’écraser sur la sienne, mes mains le déshabilleraient. Je m’imagine lui faire l’amour, tandis que mes doigts serreraient son cou, réduisant sa respiration.

Je voudrais l’entendre crier, de plaisir et de peur, de souffrance et de jouissance.

Un souffle chaud dans mon cou m’indique sa présence auprès de moi. Il vient me mordiller le cou, je sens sa langue douce et chaude contre ma peau. Je ne peux retenir un gémissement. Ses mains descendent le long de mon torse, se glissent sous mes habits. Un frisson part de ma nuque et descend le long de ma colonne vertébrale. Ma bouche cherche la sienne, mes mains l’attirent contre moi. Ses yeux brûlent de désirs alors qu’il commence à me retirer ma chemise.

Je repousse en pensée le moment de mon passage à l’acte. Il me séduit et réveille en moi des sentiments oubliés. J’entends une petite voix me murmurer que je ne suis pas obligé, que je peux encore faire machine arrière, que rien ne m’oblige à passer à l’acte.

Son corps vient alors se presser contre le mien. Je sens son désir déformer son pantalon, je sens l’envie monter. Je vois le sang palpiter à travers ses veines. Je me mords la lèvre en imaginant le sang gicler, en le ressentant couler le long de mes doigts, chaud et onctueux.

Après pas mal d’incertitudes, il devient évident que tout ceci finira mal. Ma pulsion est trop forte. Je ne vois plus que du sang et de la chair devant moi.

Je le sens, malgré moi, se relever. Il me dit de l’attendre, qu’il va aller chercher la bouteille de champagne au sous-sol. Je le vois qui s’éloigne. Je reprends mes esprits. Un autre scénario germe dans mon esprit. Le prendre par surprise, alors qu’il me croit encore au salon, le poignarder encore et encore. Puis lui faire l’amour pendant qu’il se vide de son sang. Mélanger nos corps, nos fluides, notre sang.

Sur la pointe des pieds, j’entrouvre délicatement la porte et commence à descendre les marches.

L’excitation continue de monter au fur et à mesure que j’avance. Je m’arrête avant d’arriver en bas et abandonne ma chemise sur le sol. Je l’entends remuer des affaires. Je ne sais pas ce qu’il déplace pour trouver cette bouteille mais il ne s’attend certainement pas à me voir arriver.

Je colle ma main contre la porte en bois. Je caresse délicatement le bois brut, imaginant mon amant de l’autre côté. Je laisse les images défiler dans ma tête, m’envahir jusqu’à me donner de réelles sensations, jusqu’à atteindre la limite de la jouissance. Cela me met dans un état second, je ne suis plus qu’une arme en marche, qu’en quête de sang et de chairs tuméfiées.

J’appuie très lentement sur la poignée de la porte. Je retiens mon souffle tandis que la porte s’entrouvre. De ma main droite, je sors le couteau et du pouce, l’ouvre.

Aucun grincement ne se fait entendre, je me réjouis de pouvoir compter sur l’effet de surprise. Je réalise soudain que les bruits que j’entendais se sont arrêtés, seul le silence m’accompagne. Il me faut redoubler de prudence, je veux pouvoir le surprendre.

Je pousse un peu plus la porte et me glisse par l’entrebâillement. La pièce est baignée de pénombre et une sensation de froid m’envahit. Je dois être arrivé dans sa cave. Mes yeux clignent mais s’habituent rapidement à cette obscurité. Je vois des rayonnages et des dizaines de bouteilles de vins alignées, couchées. Mais aucune bouteille de champagne. Je m’aventure un peu plus, et le cherche du regard. Personne. J’aurai juré l’avoir entendu derrière cette porte. J’aperçois alors une petite porte de bois entre 2 rayonnages. Il doit être derrière, j’avais également chez moi une pièce où je stockais les bouteilles dédiées aux occasions particulières. Je m’approche pour l’ouvrir aussi doucement que la précédente. La porte s’entrebâille cette fois avec un petit grincement métallique. Je m’aventure plus rapidement à l’intérieur, je bouillonne. Je déteste cette frustration de devoir attendre. Je sens mon excitation à son apogée et je veux assouvir tous mes fantasmes. Peu importe qu’il m’entende, j’improviserai.

Au moment où je m’avance dans la pièce, j’entends la porte se refermer brusquement derrière moi. Le courant d’air que je sens contre mes joues aura eu raison de ma tentative de discrétion. La pièce est plongée dans le noir. A tâtons, je trouve un interrupteur et fait jaillir la lumière. Je me trouve dans une pièce immaculée. Une table métallique est installée au milieu et seules 2 grandes armoires sont installées contre les murs. Je recule doucement vers la porte, glacé par l’ambiance. Je ne sais pas ce qu’il fait dans cette pièce mais ne tiens pas à le savoir. J’appuie sur la poignée pour repartir à sa recherche, la rage encore décuplée de ne pas l’avoir trouvé et de devoir encore me languir pour assister à son agonie. La porte ne s’ouvre pas. J’appuie frénétiquement sur la poignée, tire, pousse, rien ne se passe. Je réalise, alors que l’angoisse monte simultanément, que la porte est fermée à clé. A ce moment-là, j’entends sa voix grave et chaude. « Je t’attendais ». Je me retourne doucement, serrant encore plus fermement mon couteau, prêt à l’attaquer au moment même où je lui ferai face. Il est debout au milieu de la pièce, ne portant qu’un grand tablier gris sans rien d’autre dessous. Dans sa main, une hache et dans l’autre une paire de tenaille. Je baisse les yeux sur mon couteau que je serre comme un ultime bouclier. Il semble ridicule. C’est à ce moment-là que l’horreur a commencé.

Il me fait face. Je le trouve tellement attirant avec l’angoisse qui blanchit ses traits. Il sert son couteau, comme s’il avait la moindre chance contre moi. Il était donc venu pour me tuer. Je trouve la situation tellement cocasse. Je ne l’avais pas vu venir celle-là. Tout comme je n’avais pas imaginé ramener un homme ce soir. Je pense, amusé, que jusqu’au bout, il y aura eu des imprévus dans cette histoire.

Cela rajoute du piquant à ce que je vais faire. Mes gestes sont maitrisés, d’une précision chirurgicale. Tandis que je commence à jouer avec lui, les murs insonorisés couvrent ses hurlements. Le sang gicle sur mon tablier, recouvre mes bras, me coule contre le torse.

Je me sens enfin apaisé, avec la sensation du travail terminé. Il me faut alors déplacer le corps avant d’aller me coucher. La petite forêt à la sortie de la ville fera l’affaire.

Mon téléphone me réveille quelques heures plus tard. Le soleil est à peine levé. A l’autre bout, un de mes hommes. « Capitaine, je vous ai envoyé un taxi, il faut que vous veniez immédiatement. Un promeneur a découvert un corps atrocement mutilé dans la forêt tout à l’heure. Je crois que tout cela recommence… ». Un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je monte dans la voiture. Je me sens au sommet de ma forme. D’étranges pensées se bousculent dans ma tête au fur et à mesure que le taxi avance dans la ville endormie…

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Là aussi, je trouve que ce texte colle vraiment à la proposition d’écriture, et il se dégage une ambiance palpable, on a envie de rentrer dans ce lieu , de fouiller dans cette caisse, de savoir ce qui va arriver.

J’ai d’abord pensé que le lieu était abandonné aussi. Quel endroit ! On se doute bien que le juke box ne diffuse pas la compagnie créole 😉 . J’aime beaucoup l’atmosphère de ton bar (ou café). On sent qu’il peut s’y passer tellement de choses et qu’il a déjà connu beaucoup d’histoires . C’est joli aussi de comparer le piano à un vieux gréement. J’ai simplement été un peu gênée par la toute fin quand tu dis que le temps a semblé s’arrêter. Le temps semble déjà s’être arrêter dans cet endroit, non ? Ou alors tu veux dire que le temps s’est arrêté pour le personnage parce que justement il arrive dans ce café ? Et dans ce cas tu ne parles pas de l’endroit ? Bon en même temps il fait très chaud et mon cerveau fond et en plus j’ai du mal à être claire…

J’étais plutôt sur le fait que le temps s’était arrêté pour le personnage (j’avoue ne pas encore avoir d’idée sur le pourquoi du comment, mais ça devrait venir ^^)

J’aime beaucoup ton premier paragraphe, Groux, qui pose toute une ambiance en deux phrases… Faut le faire! Et du coup, forcément, on est embarqué d’emblée. En tant que tel, il y a sans doute ensuite quelques petites « longueurs » (ben oui, quand on est efficace, avec deux phrases au cordeau dès le début, ça place la barre haut pour la suite, héhé), mais ça n’est absolument pas gênant pour le moment. C’est un texte où il y a toute la place pour que s’y déploient ensuite personnages et intrigue. Et on soupçonne que cette ambiance et ce lieu vont être des personnages à part entière de l’intrigue (ce qui d’ailleurs, n’est pas propre à ce texte dans l’atelier, mais c’est ici assez fort, je trouve)

Belle ambiance qui me parle. Je trouve le ton juste et surtout c’est très « open » pour la suite ! Ceci dit « raccrocher » un personnage à cette ambiance ne sera peut être pas « coton »

Oui, je me suis fait la même remarque, Laurent, pour le personnage à raccrocher. Mais du coup, peut-être aussi qu’un personnage pas du tout ton sur ton, qui trancherait totalement avec cette ambiance, qui serait complètement décalé, pourrait être sympa aussi. Et du coup, on ré-ouvre le champ des possibles.

Merci pour ces retours ! J’avais peur d’en avoir vraiment trop fait, de m’être perdue dans trop de détails ou descriptions.

J’ai beaucoup aimé ton texte Gaëlle, qui rend très bien compte de l’ambiance. et j’adore ton idée de personnage complètement décalé ! Je pense aussi que ça ne va pas être facile de l’amener, j’ai hâte de voir comment tu vas t’y prendre!

aaaah j’adore j’adore ! J’ai bien envie de lire la suite !

Super cette suite façon Dexter, j’adore!!! Ca complète très bien ton premier texte et le fait d’avoir rajouté une partie au début plus narrative aide bien à rentrer dedans!

J’aime aussi bcp comment tu as transformé le début. J’adore la suite, et je ne voyais pas venu le coté Dexter mais ca m’a donné la chair de poule !!!

chapeau pour le twist final , et j’ai comme l’impression qu’il y en a encore sous le capot pour d’autres surprise

Ah yes, je ne l’ai pas vu venir non plus, ce couteau. Et j’adore me faire balader en tant que lectrice, donc ravie!

Belle ambiance toujours. Ambiance roman noir que j’aime. Je trouve que tu maîtrise bien le style « polar » avec ses codes dont ce final assez inattendu ….et prometteur

Quand tout plaît, c est difficile de commenter. Bravo pour le mélange sexe/carnage. Bravo aussi pour le finish qui nous accroché et stimule notre imagination !!

J’ai comme l’impression que le « step 2 » de Laurent a donné des envies un peu plus « trash » à un certain nombre ici. Ou alors c’est juste l’été et la chaleur (enfin bon, là je ne parle pas trop pour moi, fait ni beau ni chaud ces jours-ci dans ma Bretagne ^^), allez savoir, les sens s’échauffent, tout ça… 😉 .

C’est très sympa, cette portion de texte, Groux. Tu as choisis d’y « aller » vraiment, Dans la pulsion de sexe et de mort mêlées, plutôt que de survoler ça avec quelques ellipses pudiques, et c’est un choix qui paye, qui donne une force certaine au texte. On verse dans la « chair », dans tous les sens du terme. Tu disais en commentaire dans le WE que tu avais l’impression de « diluer » un peu ton texte: je ne sais pas si c’est sur cette version que tu avais ce sentiment, ou si finalement tu as retravaillé, mais à titre perso je n’ai pas du tout ce sentiment: c’est une scène intense, et le fait qu’elle soit détaillée n’est pas de l’ordre du « diluage », à mon sens, c’est plutôt de l’ordre de la « dramaturgie » qui convient à ce que tu racontes.

Ah oui bravo pour le mélange sexe et mort (Eros et Thanatos, non ?). L’ambiance est là et on est vraiment pris dedans. On se met bien dans la peau de ton héros pourtant si sombre ! Il y a un mélange de violence, de passion et de raison dans ton nouveau passage qui est très efficace. J’attends la suite !

Ahh j’adore :-)! Je ne t’ai encore une fois pas vue venir et j’adore ce mélange de pulsions, très bonne idée!!
Mais du coup, je me disais (dit Ariane qui essaye de faire un commentaire un peu constructif alors que ton texte est très bien comme ça) : est-ce que ce serait pas sympa de prolonger le doute dans une des 2 directions? Soit verbaliser le couteau plus tard dans le texte et continuer un peu plus à faire supposer au lecteur une rencot’re amoureuse, soit faire comprendre plus tard la pulsion sexuelle, bref, tromper le lecteur un peu plus longtemps! (Je suis assez claire?).
Mais ton textes fonctionne très bien comme ça alors bref, c’était juste une idée pour ne pas faire que des compliments ;-)!

A voir. Peut-être que Groux nous réserve encore une bonne « blague » de dernière minute, et c’est peut-être pour ça qu’elle a déjà abattu des cartes avant, pas sûr que ce soit pour dévoiler la fin avant l’heure 😉

bah moi je vais pas être original. Beaucoup de plaisir de lecture. (c’est quoi cette phrase !). Bravo !

Je pense que ton texte m’a complètement traumatisée.. Je ne m’y attendais pas du tout et cetait tellement reel, j’en ai fait des cauchemars cette nuit et a 5h du mat je voyais vraiment ton psychopathe nu sous son tablier gris debout dans ma chambre

Bon, alors effectivement, il faut « résister » à la lecture de ton texte, Groux, mais j’adore ce que tu as fait sur cet atelier d’été! Il fallait oser, tu as osé, tu n’as pas contourné les scènes que l’on peut avoir tendance à éluder par pudeur ou parce qu’on ne sait pas trop comment s’y prendre. Et ça fonctionne! Je sentais venir de l’imprévu sur la fin (même si je ne savais pas lequel), et j’avais raison! Le double retournement final est super sympa (enfin si on peut dire… 😉 ). Et j’aime beaucoup le côté totalement amoral assumé, chacun veut dézinguer l’autre de la pire manière qui soit, et le méchant n’est pas puni (tu parles, Charles, c’est même le flic le méchant).

Il y a juste une chose, c’est qu’on pourrait se dire que c’est quand même gros que deux gugusses aussi dérangés, et avec la même perversion, tombent pile l’un sur l’autre. ça, ça peut faire « artifice » de narration. Mais j’avoue que le côté totalement barré du texte l’a emporté sur ce détail, et ça ne m’a au fond pas plus gênée que ça. Disons juste que ça pourrait valoir le coup de réfléchir à « différencier » un peu leur perversion à chacun, qu’il y ait moyen de conserver tous ces twists, mais avec des « goûts » trash un peu plus différenciés entre l’un et l’autre, qu’ils ne soient pas tous les deux over fan de la vivisection, quoi…

Détail sur lequel tu pourrais travailler à mon sens: il ne faut pas hésiter à « mettre en scène » les ressentis de ton bonhomme, plutôt qu’à les dire. Exemple: un passage du genre:

« je bouillonne. Je déteste cette frustration de devoir attendre. Je sens mon excitation à son apogée et je veux assouvir tous mes fantasmes.  »

Reste très « mental », très descriptif, si tu te contentes de faire monologuer intérieurement ton personnage. Or c’est pas très mental, là, ce qui se passe. C’est à la fois mental, viscéral, c’est du ressenti, c’est physique. ça serait intéressant à camper. « je bouillonne », ça peut être qu’il transpire qu’il sent les goutte de sueur lui brouiller la vue. « Je sens mon excitation à son apogée », c’est quoi, qu’il bande? Alors zou, on peut le dire. Etc…

Bref, d’une manière générale, sur ce texte très « charnel » n’oublie pas de rester sur ce registre (ce que tu fais très bien par moments). Trop basculer dans du commentaire mental te fait t’éloigner de tes personnages, je pense.

Groux, j’avais anticipé ce twist, mais ça ne m’a pas gênée, au contraire, ça a rajouté à la tension que tu as très bien su installée. Et chapeau pour cette fin bien ironique. J’aime bien aussi le contraste entre ces hommes, leur violence et l’atmosphère douce et feutrée de ton bar. Ce lieu va me « manquer », et j’imagine, enfin je rêve, qu’il soit source d’autres histoires. Parce qu’un endroit avec une si forte identité, pour moi, ne peut être qu’un vivier de rencontres et d’événements pas banals 🙂

J’ai vraiment aimé ton texte ! Ce côté hyper sombre, hyper sexe, hyper pulsion assumée est vraiment très bien fait ! J’ai adoré être baladée de twist en twist (je ne sais ps si cette expression existe ;-)). Bravo en tout cas pour le lâchage complet ! J’ai vraiment passé un moment en le lisant

J’adore, j’adore, super texte Groux!! C’est vrai qu’il y a un petit côté « gros hasard » mais ça ne m’a pas dérangée personnellement. Bref, bravo!!

Merci pour ces retours !! J’avais plein de craintes en écrivant et en l’envoyant, peur que ça ne fonctionne pas en particulier. Du coup vos retours m’encouragent et je me dis que j’ai bien fait d’oser !!!!

De toute façon, tu sais, en écriture, on fait toujours bien d’oser ce que l’on a envie d’oser. Au pire, ça ne fonctionne pas aussi bien qu’imaginé, on retravaille, mais on ne « risque » rien. Se lancer sur des sujets, dans des styles, que l’on ne maîtrise pas forcément au départ, ça peut aussi être très jouissif, et puis c’est comme ça qu’on élargit peu à peu le champ des possibles de sa propre écriture. Et c’est chouette 🙂