La boucle est bouclée.

 

            20 juin 1970-4h34. Me voilà. Enfin presque. Depuis le temps que j’attends, et Maman aussi, je vais enfin la rejoindre. Après 9 mois d’attente. Maman adore la mer. Pourquoi je vous dis ça ? Ce ne sera pas sans conséquence pour moi. Certes, cela sera héréditaire. Mais pas seulement. D’abord, évidemment, j’ai été conçue en plein mois d’août. A Palavas-les-Flots. Où l’on retournera en vacances chaque été, en camping, jusqu’à mon adolescence. Peut-être était-ce un pèlerinage ? Mais j’anticipe. Pour l’instant, je ne suis pas encore née. Ce n’est pas faute de pousser. Et le premier élément extérieur avec lequel je vais entrer en contact… c’est l’eau, bien sûr. Eh oui, Maman a décidé d’accoucher dans l’eau. Elle sera une des premières en France. Quand je vous dis qu’elle est fan. Me voici donc. Je flotte ! Je n’en ai pas encore conscience (bon, il faut dire que je n’ai que quelques minutes, là) mais la mer, l’Océan, l’eau, seront des éléments forts toute ma vie. Voire au-delà… Revenons à l’instant présent. A l’heure actuelle, 4h34 donc, je pousse mon premier cri. Maman annonce mon prénom, elle est une pionnière pour ce choix aussi…. sans surprise (Papa n’aura pas eu son mot à dire) : ce sera Océane. Et je suppose que d’ici quelques temps, je vais avoir droit aux bébés-nageurs… Puis ce sera les pâtés de sable sur les bords de la Méditerranée, beaucoup plus tard le voyage de noces en Corse, les vacances au bord de l’eau (quelques concessions seront faites à la mer : les Gorges du Verdon, le Lac Léman…) De toute façon, il me faudra de l’eau. Au moins une fois par an. Et des vacances sans…. ne seront pas des vacances. Seule elle peut m’apaiser.

            22 septembre 2003-21h18. Enfin, j’y suis arrivée. On dit que tous les chemins mènent à Rome. Eh bien, ils mènent aussi… en Bretagne. A Concarneau plus exactement. En fait, le chemin, il n’a pas été tout à fait direct en ce qui me concerne. Il m’aura fallu passer par la région parisienne, bifurquer par les Alpes avant de venir s’installer en famille, non plus pour de simples vacances, mais pour habiter vraiment au bord de la mer. Voire « Face à la mer » comme dit la chanson. C’était écrit, dans mes gênes ! Le rêve donc : appartement avec baie vitrée donnant sur le quai Nul, avec les Glénan en arrière-plan, et début demain en tant que comptable… des chantiers navals Piriou. Il ne pouvait en être autrement. Cela a mis du temps, mais mes compétences et mes envies sont enfin réunies. Ce ne sera pas forcément facile, ni de tout repos…. Mais au moins, je n’aurai plus la France à traverser pour me ressourcer, contempler l’Océan et prendre des grands bols d’air iodé… comme cela a parfois été nécessaire ces dernières années. Enfin, je le sens : les moments difficiles sont derrière nous.

            26 décembre 2004-11h heure locale. Je me trompais. Pour une fois, nous avons eu l’idée d’aller nous reposer au bord de l’eau, certes, mais loin. Notre deuxième voyage de noces, en quelque sorte. Ah, effectivement, c’est beau Les Maldives. Ou plutôt, c’était beau. Désormais, de là où je suis, je ne vois que désolation. Et je suis partie, je n’ai plus d’énergie pour me retenir. La vague est plus forte que moi. J’y suis née et j’y retourne. L’eau entre dans mon corps. Comment aurait-il pu en être autrement ? La boucle est bouclée. L’Océan m’emporte au-delà. Je ne ressens plus rien, je flotte au-dessus de tout. J’espère juste que le tsunami aura épargné mes proches. Bleu, tout est donc bleu maintenant. Comme l’eau. Evidemment.

Par Ademar Creach 

J’ai toujours beaucoup aimé lire, et écrire. De plus en plus, l’envie d’écrire est devenu un besoin, même si ce n’est pas grand-chose (des notes, des anecdotes, des coups de gueule, des objectifs, des textes…). Un atelier d’écriture est pour moi une nouvelle étape, pour me permettre d’avoir des échanges avec d’autres personnes ayant les mêmes centres d’intérêts, la lecture et l’écriture. C’est ma première inscription à un atelier d’écriture, quel qu’il soit.