Et si … pourquoi pas ?
Et si … la terre était carrée. Alors la mer serait sucrée
Et s’il ne devait en rester qu’un ? Que ce soit un papillon …  Bleu de préférence

Et si mon verre était à moitié vide ? je ferais semblant de ne pas le boire
Et s’il n’y avait plus de saison ? Alors il y aurait du muguet en hiver, des cerises sous la neige et de la pluie en mai
Et si une belle étrangère m’interpellait dans une langue inconnue ? Je lui ferais manger de la bouillabaisse, du baeckeofe, de la garbure ou du Kig ha farz breton !
Et si … je rencontrais Dieu, je le remercierais d’avoir créé Mick Jagger, la religieuse au chocolat et la belle région de Toscane. Et j’éviterais tous les sujets qui fâchent
Et si … j’avais été Adolf Hitler, je serais probablement devenu un peintre très convenable
Et si ma tante en avait ? Hé bien non, elle ne serait pas mon oncle !
Elle serait mieux que lui
Et si … je me retrouvais, seul, abandonné, dans une pièce obscure, armé d’un simple crayon et d’une feuille de papier. Alors apparaîtraient des masses indistinctes et grouillantes. Alors je verrais flotter des lueurs scintillantes. Alors naîtraient des monstres !
Et s’il me poussait des antennes sur le devant du front ? Ma femme aurait une chevelure d’acier météorique, une bouche en nid d’hirondelle et des yeux de porphyre
Et si … à la tombola de la vie, je remportais le gros lot,  je l’échangerais contre un sac de billes et des rouleaux de réglisse
Et si … on me donnait une corde et des clous. J’inventerais un nouveau jeu
Et si … je perdais tout, absolument tout … il me resterait encore la mémoire, c’est-à-dire le principal
Et si … par une nuit d’hiver, un voyageur (merci à Italo Calvino).
Je verrais parmi les herbes flottantes, fleurir du jasmin symbole de grâce et plus souvent du tournesol, symbole d’espérance.
Et si … un grand chien jaune traversait la rue, je relirais Simenon, l’ami de mes insomnies
Et si … rien ne s’oppose à la nuit, alors il faudrait que le jour se lève
Et si … « je » est un autre, je lui demanderais mon chemin
Et si … ma maison brûlait et que je ne pouvais emporter qu’une seule chose, alors j’emporterais le premier mot qui me vient à l’esprit
Et si … par temps d’orage, le vent venait à frapper à ma fenêtre, j’ouvrirais grand mon logis et l’inviterais à venir gonfler mon cœur
Et si … j’avais trois jours devant moi, j’irais voir la mer
Et si … je me perdais en route, je prendrais la première rue à droite, je passerais le pont et remonterais le fleuve jusqu’à Manaus, là où se rencontre « les eaux »
Et si … j’étais la terre, l’eau et le ciel. Je serais le puis pour étancher ta soif, le soleil pour réchauffer ton corps et le vent pour te caresser
Et si … la pluie n’arrêtait pas de tomber, les nuages prendraient la forme de ton visage
Et si … il ne devait rester qu’un instant, un seul instant à vivre, je voudrais que ta main serre la mienne
Et si … il y avait une vie après la mort. Cela ressemblerait à une maison dans le sud de la France ou j’allais l’été avec ma mère quand j’étais un petit garçon
Et si … je n’arrivais pas à finir ce poème, alors j’irais au cimetière des mots perdus et je ferais une petite prière sur la tombe du poète inconnu