Il m’avait fallu dix heures de route pour arriver à destination. Dix heures avec plusieurs arrêts : pause pipi, pause-café, pause repas, pause obligatoire « je ne m’endors pas au volant ». Pendant ces dix heures, les mêmes voix m’avaient tenu compagnie ; je faisais les chœurs un peu casserole ; seule dans ma Polo, je ne risquais de casser les oreilles à personne. Partie au lever du jour, j’étais à la tombée de la nuit au cœur de ce petit village, familier à mon cœur mais devenu presque inconnu à mes yeux. Cela faisait vingt ans que je l’avais laissé derrière moi, avec son lot de souvenirs, joyeux ou dramatiques. Lieu de mon enfance, lieu de mon adolescence.
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Catégorie : CatOct2018-2
Les vieilles dames se réunissaient pour leur cousinade annuelle. Vénérables, mafflues, bien placées dans la Fonction publique, elles avaient cependant gardé toute leur vivacité de jeunes filles quand il s’agissait de se prendre le bec entre cousines.
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Le vent dans le dos, on dévale la courte pente vers la mer. Les herbes hautes, un peu jaunies du soleil brillant qui ne parvient pas à masquer la fraîcheur de l’air, encadrent le petit chemin qui nous mène à cette pointe qui surplombe la baie. Je pousse Paul pour lui montrer l’amas de rocher caché derrière l’ajonc, jaune en cette saison estivale. On arrive finalement à mon temple maya à la mode bretonne, fait de granit couvert de lichen et entretenu par les goélands. L’air de touriste citadin de mon compagnon me fait doucement sourire, dans ce lieu où l’on apprend tout juste aux enfants à faire attention aux voitures, tellement leur nombre est négligeable.
Avant même les derniers virages, Claire apercevait déjà les premières maisons du village. C’est ici qu’elle était née, vingt-six ans plus tôt. Elle n’y avait vécu que quelques jours non sans avoir fait la « une » du petit journal local !
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Ma première sortie hors de la maternité a été pour me rendre dans cette maison de repos. Mon père et ma mère m’ont présenté à toute la famille, et ça en fait du monde. Moi qui à cette époque dormais 20h par jour, en suçant mon pouce, je suis venu au monde des dormeurs éternels qui ne suceraient plus jamais leur pouce.
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Je n’ai pas dormi de la nuit, non pas à cause de l’horrible douleur pulsatile qu’occasionne ma dent, mais par angoisse de voir un dentiste. Cela fait bien presque vingt ans que je n’ai pas vu un tortionnaire de ce type. Beaucoup diront que c’est scandaleux, que je dois avoir les dents dans un état désastreux, mais loin de là. Ma phobie est telle que mon hygiène buccale est irréprochable. Il a fallu que je revienne à Chiconil, mon village natal, pour avoir mal aux dents.
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Aujourd’hui, j’ai réalisé un projet secret qui remonte à des dizaines d’années, et que je n’avais encore jamais accompli : j’ai planté des roses trémières contre la façade de ma maison (j’adore les roses trémières, désolé). (Oui, je sais, ce n’est pas une annonce très spectaculaire, j’en ai bien conscience).
Planter des roses trémières est un signe que la maison où je vis est bien MA maison. C’était un peu un pacte avec moi-même que de marquer l’endroit avec des roses trémières. Aussi, je me disais en creusant au pied du mur que la maison serait un thème d’écriture formidable… Et après avoir creusé le sujet (après le sol pour les roses trémières, donc) je me suis dit que non, vraiment… C’est vraiment, mais vraiment, mais alors vraiment… trop utilisé.
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