Texte d’Emije

L’été laissant paisiblement la place à son amie l’automne, nous attendons de les déguster avec joie et impatience !

En parisiennes d’origine que nous sommes, nous considérons que l’été a déjà fait son œuvre.

Expatriées au mois de juillet à l’autre bout de la France dans la direction sud du fait de la mutation de Maman, Justine et moi décidons comme les années précédentes de décliner nos tenues neuves et automnales pour cette rentrée, révélant des tons aussi chatoyants que le brun chamois ou marmotte, le flamboyant jaune safrané ou la douceur du vert amande.

Habitude purement parisienne qui se met en place naturellement là haut aux alentours du 10 Septembre. Seulement, ici au pays des “peuchères et je suis espantée”, il n’en n’est rien !

Nous sommes très fières de révéler au grand jour nos chemisiers fleuris à manches longues, grande tendance de cette rentrée. Chemisiers, bien sûr en polyester qui nous font transpirer et sentir mauvais à la fin de la journée. Pour une première rentrée dans le Sud, quelle honte ! Ça n’est pas malin pour se faire de nouvelles amies.

Nous avons terminé notre première journée dégoûtées, pestant sur le chemin du retour que non, on ne s’y fera jamais.

Nous découvrons les joies de l’été indien qui perdure à 28° en cette toute fin du mois de septembre. Nous réclamons à cor et à cri des nuages, une baisse significative des températures — pas juste 2-3°, du frais quoi et de la pluie.

Maman nous dit : “Les filles, tenez bon. Dans 15 jours on y arrive”. Pour détendre l’atmosphère elle nous suggère d’invoquer le Dieu de la pluie, mais pas trop trop fort, au risque fort probable de voir des trombes d’eau nous tomber sur la tête avec les fameux épisodes cévenols, signes distinctifs de la région Languedoc-Roussillon pour lesquels nos pieds ne seront eux non plus pas en reste à cause des inondations. Les filles me reprochent assez d’être descendues dans le Sud. Elles n’ont à la bouche que : “au Raincy, c’était mieux”. J’essaie de leur montrer les différents avantages d’une nouvelle vie ici mais non, elles répètent en cœur et à tue-tête : “au Raincy, c’était mieux”.

Mais ça y est, nous y sommes : le dimanche 15 octobre. De quoi raviver des sourires, les papilles, des gestes, des odeurs……..

Juste dorées, nature ou accompagnées elles sentent bon le dimanche après-midi et ce, depuis 7 ans. Si ce n’est pas au goûter, c’est pour le dîner du soir que nous les dégustons et là ce sera triple ou quadruple portion pour chacune, puisque le salé s’invitera au sucré.

Du 15 octobre à fin avril tous les dimanche on mange des crêpes !

Cela a fait sourire nos amis parisiens de l’époque mais ils s’y sont fait. Ils nous invitaient soit le samedi, soit le dimanche midi. Il n’y a juste que pour les événements du dimanche sur toute une journée où nous étions très embêtées. En général nous prenions la poudre d’escampette aux alentours de 17 heures prétextant une reprise des cours tôt le lundi matin alors que parfois les filles ne commençaient qu’à 10 heures.

C’était notre rituel du dimanche et il était hors de question de déroger à la règle sauf à être nauséeuse, flagada avec une bonne gastro. Manger des crêpes tous les dimanches c’est un peu comme faire trempette avec sa tartine de pain tous les matins.

Notre organisation est digne d’une préparation de grands chefs. Les courses ont été faites la veille. Chacune s’assure à tour de rôle que tous les ingrédients sont présents et en bonne position. Nous avons mis en place le système de “un tour chacune” pour les courses et l’élaboration de la pâte qui se doit d’être fluide mais pas trop, Juste parfumée ou neutre pour laisser place aux garnitures diverses et variées. Même si la recette reste la même le goût des crêpes sera différent que ce soit celles faites par Justine, Maman ou moi.

Moment de joie ultime quand vient pétiller en bouche le goût du citron fraîchement pressé et croquer sous les dents le sucre semoule. Sucré et acidité se conjuguent délicieusement. Le chocolat, lui, délicat et onctueux apporte réconfort et bien être, comme s’il nous enveloppait. Les salées, quant à elles vous remplissent plutôt le ventre. Finalement chacune a une mission bien déterminée.

Manger des crêpes, acte purement banal suscite néanmoins quelques questionnements comme le plaisir de se dire : bon, je commence par quoi ? Sucre citron, confiture, chocolat ou l’inénarrable crème de marrons de chez Faugier qui vous met dans un tel état !
Allez savoir pourquoi on a tendance à garder la meilleure pour la fin comme s’il s’agissait de son dernier jour de dégustation.

Nos nouveaux voisins nous ont convié à venir goûter avec d’autres voisins proches le dimanche 22 octobre. Je le dis à Maman quand elle est rentrée de chez le coiffeur. Je lui dis on ne peut pas refuser.

Maman part sonner chez la voisine pour lui dire que nous serons là avec plaisir et se propose d’amener, vous savez quoi…

Des crêpes !


Photo by Hannah Tasker on Unsplash
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Bonjour… Chez nous les crêpes, c’est tous les mercredis soirs 😉 donc ton texte m’a évidemment parlé! Merci

Bonsoir Francis,

Merci pour votre commentaire et bien d’accord sur cette fin qui tombe comme un couperet et sans nul doute un peu trop facile. J’ai démarré et terminé un peu trop rapidement à mon goût. Je songerai un de ces jours à le retravailler. C’est vrai qu’il mérite une fin un peu plus recherchée ……. 😉

Bonsoir Marine,

Bonne crêpe party demain !!! Régalez-vous bien.

Bonsoir,
J’adore le passage sur « déclinaison des tenues neuves et automnales ».
Et pour les crêpes… la crème de marron sans hésiter!

Drôle cette idée du rituel des crèpes. Drôle la façon de le décrire qui part presque en maniaquerie… J’aime bien… Surtout les crèpes d’ailleurs! 😉

Joli texte réconfortant qui m’a mis en appétit et auquel je me suis identifiée (les crêpes au sarrasin à l’automne, les nouveaux vêtements pour la rentrée…).