Six heures d’un joli matin printanier.
La porte-fenêtre glisse et Robert sort sur ce petit espace qui lui tient lieu de balcon. Il sacrifie à son rituel quotidien : tous les matins à 6 heures, par tous les temps, griller sa première clope sur ce bout de béton parisien en regardant la ville s’éveiller. L’oreille aux aguets afin de saisir les bruits d’une circulation parfois cacophonique : les klaxons, le bip du camion des éboueurs et les poubelles reposées sans ménagement sur le trottoir, les sirènes des voitures de police et des ambulances ou tout simplement le chuintement des pneus sur l’asphalte mouillé, le grondement souterrain du métro..L’odorat n’est pas en reste non plus. Des odeurs pas encore trop marquées à cette heure-là par les gaz d’échappement mais balayant quand même la trop timide, celle qui monte délicatement de la boulangerie d’à côté.
Et puis les yeux. Il en prend plein les yeux, Robert, de cette lente montée en puissance d’une capitale qui se réveille. Les voitures qui se précipitent vers le travail et la longue journée, des piétons qui vont, viennent, se croisent et se décroisent, les reflets du soleil sur les immeubles qui l’entourent ou la course des nuages qui se reflètent dans les baies vitrées.
Pourtant, depuis quelques semaines, tout a changé.
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