Désolé, pour la proposition d’écriture de ce mois-ci : cela commence sur du pas très gai et un peu pensum, mais il faut que j’explique de façon liminaire pourquoi cette proposition. Comme beaucoup, j’imagine, j’ai été affligé par la mort des 27 migrants il y a quelques jours dans la Manche, et pourtant je ne devrais plus l’être parce que de façon abominable nous y sommes habitués, mithridatisés, parce qu’on a tout fait pour pour que nous nous y habituions, parce qu’il y a eu des centaines de fois bien pire en Méditerranée (*). Habitués aussi parce que des bateaux humanitaires se sont faits refouler de nombreux ports méditerranéens, dont français, ou parce que des gens ont été condamnés pour un incroyable « délit de solidarité »… Parce que cela fait partie du quotidien sur des volumes bien plus importants que les 27 malheureux récents. Parce qu’on a bu la coupe de notre honte jusqu’à la lie et au-delà. Pourquoi le drame de la Manche frappe-t-il si fort soudain ? Sans doute la loi de proximité (la Méditerranée, c’est plus loin, c’est grand, il y a plein de pays autour, c’est indistinct, loin… Ce n’est pas complètement l’Europe. Sans doute parce qu’on fait tout ici pour qu’ils ne restent surtout pas. Sans doute en parle-t-on tant aussi parce qu’il s’agit de faire pression sur la Grande-Bretagne… Mais breeeef. Ça, c’est le déclencheur de mon envie de proposition d’écriture ; à chaque fois, il y en a un.
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