J’ouvre les yeux difficilement. Je frissonne, l’air ambiant s’est rafraîchi depuis quelques jours. De là où je suis, j’aperçois un bout du ciel, parsemé de nuages du gris clair au gris foncé. Le bleu a disparu. La saison automnale s’annonce. Je ferme les yeux et se dessine alors sous mes paumières un paysage vallonné, avec ses forêts de feuillus aux couleurs d’or et de rouille aux nuances intenses. Je m’y promène, la plupart du temps en présence de mes fidèles compagnes, truffes au sol, reniflant la mousse, soulevant les feuilles déposées ici et là, s’arrêtant subitement au pied d’un arbre pour aboyer sur l’écureuil qui, imperturbable, poursuit son ascension… C’est comme si j’y étais, là, maintenant…
Continue reading
Catégorie : Marine (Page 1 of 2)
Après un peu plus de huit heures de vol, l’avion se pose enfin sur le tarmac. Température élevée, un taux d’humidité considérable si bien que le T-shirt colle immédiatement à la peau. Abidjan se dresse devant nous, tout en contraste, de ses gratte-ciels et ses bidonvilles.
Continue reading
Demain, j’arrête ! Accroupie, la tête au-dessus de la cuvette des toilettes, les cheveux, ternes et dévitalisés tenus en arrière, le front perlé d’une sueur acide, mon estomac se tord une dernière fois de désespoir et je me fais la même promesse que depuis deux ans,
« Demain, j’arrête ! ».
Continue reading
Il m’avait fallu dix heures de route pour arriver à destination. Dix heures avec plusieurs arrêts : pause pipi, pause-café, pause repas, pause obligatoire « je ne m’endors pas au volant ». Pendant ces dix heures, les mêmes voix m’avaient tenu compagnie ; je faisais les chœurs un peu casserole ; seule dans ma Polo, je ne risquais de casser les oreilles à personne. Partie au lever du jour, j’étais à la tombée de la nuit au cœur de ce petit village, familier à mon cœur mais devenu presque inconnu à mes yeux. Cela faisait vingt ans que je l’avais laissé derrière moi, avec son lot de souvenirs, joyeux ou dramatiques. Lieu de mon enfance, lieu de mon adolescence.
Continue reading
Les années scolaires se suivent et s’achèvent toujours aux beaux jours par les grandes vacances. Plaisir et farniente pour certains et jonglage avec l’emploi du temps pour les autres. Les autres en l’occurrence c’est moi. Bien-sûr, je m’affole la veille et m’attèle à essayer d’organiser au mieux ces huit semaines de trêve dans la vie de mes chérubins. Heureusement, il y a les incontournables : les périodes chez papa, le stage d’équitation et la semaine en Corrèze chez papy et mamie qui se font un plaisir de réunir tout leur petit monde.
Continue reading
Fin de quatrième, je quittais mon collège de campagne pour intégrer une école privée en ville à une trentaine de kilomètres de chez moi, dans laquelle exerçaient encore des frères. Mon père me déposerait chaque matin avant de se rendre au travail et ma mère ferait le trajet chaque fin de journée. Tout était organisé. J’avais un bon dossier scolaire de mes premières années de collège, ma demande d’inscription avait en conséquence vite reçu une réponse positive. À la rentrée, tout serait nouveau pour moi : nouvel établissement, nouveaux professeurs, nouveaux camarades… et je serai « la nouvelle ». Troisième E, c’est là que tout a commencé entre Maxou et moi.
Après ce week-end mouvementé, les filles avaient repris le chemin des écoliers. J’appréciais le fait de me retrouver seule quelques heures à ne pas endosser le rôle du gendarme ou de l’arbitre et surtout pas celui de la bande son qui, inlassablement, répète les mêmes consignes…
« Mets tes chaussons, lave toi les dents, parlez-vous gentiment… »
Le bip de mon téléphone, petit sifflement d’oiseau, me prévint de la réception d’un message SMS. Je finis de rincer mon assiette, m’essuyai les mains et attrapai mon téléphone pour découvrir qui était le messager. « Ma fille chérie » apparut sur l’écran avec les premiers mots.
« Maman, stp, stp… ».
Les vacances scolaires arrivaient à grand pas. Sonia et moi, nous nous étions accordées pour oser une sage folie, aller danser en boîte de nuit ! Cela paraît très certainement d’une exceptionnelle banalité à quiconque est étranger à ma vie de mère célibataire, jonglant sans répit entre obligation professionnelle, enfants, intendance de la maisonnée… Bref le joyeux bazar organisé !
L’anniversaire de ma fille aînée approche. Un vent de nostalgie me ramène en mémoire l’été précédent mes seize ans… Un merveilleux été passé avec deux de mes meilleures amies, Delphine et Myriam en bord de mer. Insouciance et effronterie définissent parfaitement cette période, premiers émois amoureux, premières promesses d’amitié pour la vie et comme pour matérialiser nos engagements, la rencontre tout à fait extraordinaire de Madame Rose, diseuse de bonne aventure… Une vie toute tracée devant nous, les étincelles dans les yeux et le chaud au cœur, voilà ce que Madame Rose nous avait prédit à toutes les trois : une amitié indestructible, un amoureux qui deviendrait un époux fidèle, de beaux enfants… Une vie rêvée.
Continue reading
J’étais prise dans une spirale infernale. Le temps filait. Et ces réflexions comme une ritournelle dans ma tête, «Je n’ai jamais assez de temps. Le temps passe trop vite. Je cours après le temps ou est-ce le temps qui court et je ne suis pas assez rapide pour le rattraper !? » . Salariée, mère célibataire, amoureuse à mes heures perdues et il y en avait peu ! La maison à tenir, ranger, laver et recommencer. Les devoirs à faire. Penser à remplir le frigo, préparer les repas, manger, débarrasser et recommencer. Lire les histoires d’avant le gros dodo de la nuit, câliner ou gronder selon… du coup, câliner à nouveau pour ne pas s’endormir fâché… Et enfin se poser. S’endormir devant la télé ou la tête dans le livre de chevet. Ouvrir un œil, se demander où l’on est, éteindre la lumière et aller se coucher et tout recommencer !
Continue reading
J’ai toujours aimé la couleur bleue.
Je dis « la », non qu’elle soit unique bien au contraire, il en existe plus de cinquante nuances… Et s’il en manquait, j’en ai inventé d’autres tout au long de ma vie.
J’ai toujours aimé la couleur bleue.
Je dis « la », non qu’elle soit unique bien au contraire, il en existe plus de cinquante nuances… et s’il en manquait, j’en ai inventé d’autres tout au long de ma vie.
Je m’appelle Marine, n’est-ce pas le prénom prédestiné par excellence pour qui aime le bleu? Je suis née avec la particularité visuelle que l’on nomme daltonisme, et qui modifie la perception des couleurs. Cela ne fait pas mal comme un bleu sur lequel on appuie, c’est plutôt comme si j’étais aveugle de certaines couleurs, et, du coup, mes yeux compensent avec les nuances de bleu, réelles ou inventées comme le bleu-cerise, le bleu-coquelicot ou le bleu-pâturage. Oui je sais, cela paraît sans doute étrange à qui ne voit pas avec mes yeux.
Continue reading