Ateliers d’écriture créative, de fictions, animés par Francis Mizio

Catégorie : Zu

1898 (Novembre) : Léo – « Tel(le) est pris(e) qui croyait prendre » – par Zu

Léo était profondément installé dans son fauteuil de velours, les volutes de fumées emplissaient l’entièreté de la bibliothèque et même le feu dans l’âtre ne suffisait pas à estomper ce brouillard lourd. Un cigare à la main, il assistait avec amusement, à la discussion entre Victor et Garance. La rubrique mondaine de la Gazette Illustrée de Biarritz annonçait en effet pas moins de sept réceptions cette semaine et ses deux plus proches amis argumentaient leurs choix.

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Texte de ZU – « Après les pêches »

Tom se trouvait en plein milieu d’un rang de Sweet Fire. Ni à l’avance ni en retard sur son planning initial, il s’attardait occasionnellement sur un arbre moins régulier que les autres. Les rangs de pêchers étaient organisés par variété ; chacune ayant un calendrier de production qui permettait à Tom de cueillir des fruits de mi-juin à fin août environ. Héritée de son père, l’exploitation était aujourd’hui essentiellement gérée par Tom. Tous les hivers, tailler les arbres était une activité qu’il faisait par automatisme autant que par instinct. Tailler un pêcher, c’est se projeter un an, deux ans plus tard dans la croissance de l’arbre ; chaque coupe aura des conséquences bonnes ou mauvaises.
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Texte de Zu – « Journal d’une paresseuse anonyme »

Merde, merde, merde… Cette fois je suis vraiment allée trop loin. C’est quand même pas possible de se mettre à chaque fois toute seule dans cette situation. Comme si la vie ne se chargeait pas déjà de me mettre des bâtons dans les roues, je m’en rajoute deux-trois pour le fun. La date butoir est dans trois mois exactement. Trois mois pour rédiger l’entièreté de ma thèse.

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Texte de Zu – « Faux départ »

Bruxelles, 1er octobre 1961.

Le jour se levait à peine sur l’avenue de Fonsny, le ciel était blanc et bas, tel qu’il est par habitude de l’automne au printemps à Bruxelles. Un tramway ralentit sa cadence et s’arrêta devant l’entrée de la gare.
Parmi les rares badauds qui en descendirent, un couple se détachait. Lui prévenant et calme, une petite valise à la main, se retourna pour accompagner de sa main libre, celle qu’on devinait être sa compagne. Un claquement retentit et le tramway repris bientôt sa route, faisant sonner sa cloche à trois reprises afin de presser un piéton imprudent.

Le couple fit son entrée dans le grand hall de la gare, dont l’architecture métallique massive induisait un sentiment d’austérité autant que de majesté. Les lieux étaient encore vides et froids à cette heure précoce, l’homme s’avançait vers le guichet.
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Texte de Zu – « Ce soir, on danse »

Le parquet grinçait sous les pas des couples qui tournaient au son de l’accordéon. C’était une soirée d’été, les guirlandes lumineuses infusaient cette lumière jaunie qui imprime les souvenir d’un effet sépia naturel. Assise en bord de piste depuis le début de la soirée, Suzanne admirait, rêveuse, les chorégraphies parfaitement exécutées.
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Texte de Zu

Lundi 5h, le réveil sonne, se lever, boire un café.

J’aime être la première arrivée dans les bureaux de la rédaction. Allumer l’ordinateur, rapidement vérifier les mails, me servir un café avant l’arrivée du reste de l’équipe.

Je traite des sujets d’actualité, et suis journaliste d’investigation depuis bientôt sept ans dans un des plus grand quotidien tokyoite. Cela fait maintenant quelques mois que mes articles sont régulièrement publiés dans l’édition du samedi. J’aime cette adrénaline, chaque semaine se renouveler, trouver LE sujet.

La réunion de rédaction a lieu tous les jours à 8h, et c’est lors de celle-ci que se décide quel article paraitra le lendemain. Si le sujet n’est pas assez bon, s’il n’aiguise pas l’intérêt des lecteurs, un autre prendra sa place.

Mardi 5h, le réveil sonne, se lever, boire un café.

Dix messages d’Itsuo ce matin, nous devions nous retrouver hier soir. J’ai quitté le journal à 22H17, je suis rentrée, il me semble ne pas avoir mangé.

Cela fait maintenant trois semaines que nous nous sommes vu, il me manque mais ce travail est une priorité. Je l’appellerai si je prends une pause à midi. C’est compliqué pour lui de comprendre mais si je ne suis pas là, si je ne donne pas le meilleur de moi constamment, un autre me remplacera.

Je lui ai promis de poser des congés fin du mois et que nous irions ensemble à Kamakura. Voir Kamakura au printemps…

Mercredi 5h, le réveil sonne, se lever, boire un café.

Aujourd’hui je dois présenter le premier jet de mon article hebdomadaire. Cela fait maintenant plusieurs semaines que je mène une investigation sur une vaste affaire de passes droits et contrats en sous mains dans le milieu de l’urbanisme. Un nouveau complexe hôtelier doit voir le jour dans le centre de Yanaka, quartier historique de Tokyo où les projets de ce type sont strictement réglementés par le service de l’urbanisme.

Kazuto, le rédacteur en chef, m’informe que sans le témoignage du chargé d’urbanisme ou de tout autre employé pouvant attester de la véracité de mon papier, l’article ne sera pas publié samedi. Je dois absolument obtenir une entrevue au plus tôt.

Jeudi 5h, le réveil sonne, se lever, boire un café.

Dire qu’Itsuo ne compte pas pour moi serait simpliste et totalement faux. Mes yeux gonflés de larmes en attestent ce matin.

Itsuo m’attendait à la sortie des bureaux hier soir, me demandant de l’accompagner. J’avais de mon côté à finaliser la préparation de mon interview prévue cet après-midi, déterminante pour assurer la publication de l’article samedi. Il n’a pas compris, m’a demandé de choisir, de lui prouver. Je suis rentrée seule, et après avoir éteint mon ordinateur, me suis endormie pour une nuit sans rêve.

Si j’arrive à obtenir des informations pertinentes auprès du chargé d’urbanisme aujourd’hui je suis certaine d’être publiée samedi.

Vendredi 5h, le réveil sonne, se lever, boire un café.

Ce papier est une réussite, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit mais le jeu en vaut la chandelle. Kazuto me demande quelques modifications mais a déjà validé et me réserve l’édition du week-end. Il est impératif que je confirme certaines sources et que je revoie mon corps de texte avant 23h.

Fin de journée, l’article sera dans les kiosques demain matin. Itsuo ne répond pas à mes appels. Je suis exténuée mais doit être au bureau demain première heure pour décider du nouveau sujet d’investigation. Demain sera trop tôt.

Samedi 6h, le réveil sonne, le réveil sonne, le réveil sonne…

Inspiré du fait divers titré ; « Japon : une journaliste meurt après 159 heures sup’ en un mois »

Par Zu

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