Il y a une éternité que je n’ai pas remis les pieds ici, et pourtant ce n’est pas encore assez. Je suis devant Ta maison. Le portail est là, à quelques mètres de moi, avec ses deux vantaux fermés. Aucune sculpture ne l’orne. Il est fait de planches de chêne et de clous. Dans ma mémoire d’enfant, il était colossal. Aujourd’hui, je le trouve austère et vieux. Je me rapproche de quelques pas. La porte dissimulée dans le vantail droit est ouverte.
Auteur/autrice : Khea
Assise dans le vieux rocking chair en rotin, un coussin mœlleux sous la nuque, je les attends. Ils m’ont appelée la semaine dernière pour me prévenir de leur visite. Lundi en huit, le deux novembre, jour de la fête des Morts. J’étais persuadée être débarrassée d’eux, depuis l’épisode du jardin mis sens dessus dessous, au printemps dernier.
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Le car entre dans Acy-en-Multien par la vieille route de Meaux, en bas du village. Il tourne à droite pour monter la Grande Rue où son arrêt l’attend, en haut, le long de la place du marché, centre de cette bourgade. Le clocher de l’église sonne douze coups. Les portes du car s’ouvrent pour laisser descendre les passagers. Un jeune couple saute en bas de la marche, léger, presqu’aérien. Derrière eux, une dame entre deux âges, chargée d’un panier soigneusement recouvert d’un torchon immaculé blanc sur son bras, entame la descente lourdement en se tenant à la porte. Un homme descend à son tour. C’est le dernier passager. Le car ferme ses portes, se remet en route.
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C’est une vraie fournaise. On a pourtant baissé les stores, laissé les portes et fenêtres ouvertes de chaque bureau pour tenter de créer un courant d’air. Initiative improductive, la canicule de ce mois de juillet est sans pitié. Chaleur, sudation. Quelques chanceux se sont équipés d’un mini-ventilateur de table, Calor est devenu leur meilleur ami.
Extérieur jour, femme âgée, cheveux blancs, en chignon, proche des 80 ans, assise à une table de jardin.
Des talons martèlent le parvis de l’église Saint Étienne. Ils battent la cadence, tels des roulements de tambour, annonciateurs de troupes en marche venant livrer bataille. Ils sont au diapason avec le tonnerre grondant, ses éclairs déterminés à illuminer le ciel plombé de Beauvais, en ce début de matinée.
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Le douzième coup de minuit vient de sonner, le compte à rebours est sur zéro…
Journée de grève, une rame de métro sur trois. J’attends depuis dix bonnes minutes sur le quai de la station Place d’Italie, la première de la ligne 5, direction Bobigny Pablo Picasso. Mon portable indique 18 h 06, l’heure de pointe. Les usagers s’accumulent au fur et à mesure sur ce quai ; kaleïdoscope d’expressions d’agacement, de résignation, d’impatience.
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Il n’y a pas un bruit dans la cuisine, il est encore tôt. Ils sont assis face à face, chacun à sa place d’un côté de la table. Elle le regarde sans mépris, sans pitié non plus. Pauvre de lui, il a joué, il a perdu. Ce n’est pas faute de l’avoir prévenu à plusieurs reprises pourtant. Mais ça fait longtemps qu’il ne tient plus compte de ses conseils très avisés. Il n’aurait pas dû les ignorer, c’était pour son bien. Tant pis. Lui, a les yeux écarquillés, la bouche bée, les mots condamnés à être bloqués dans la gorge sous le choc d’un étonnement violent.
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La nuit était encore là pour quelques heures mais ma mère et moi étions déjà debout, habillées, coiffées. Nous partions pour la première fois en grandes vacances d’été, une surprise que ma mère avait gardée secrète jusqu’à hier soir. Elle m’avait dit de mettre dans mon cartable, mes poupées et mon chien Pif pour ne pas les oublier. L’appartement était propre, bien rangé comme il ne l’avait jamais été. Ma valise et celle de ma mère nous attendaient près de la porte d’entrée.
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Déchirer ou ne pas déchirer ? Telle est la question… soupir, moue perplexe. La déchirer puis la brûler, voilà qui règlerait le compte à cette photo qui surgit diablement. C’est toute une histoire, les souvenirs, lorsqu’ils refont surface ; certains ne demandent aucun effort, font leur petit tour, amènent l’esquisse d’un sourire, laissent couler une larme, et puis s’en vont en laissant un léger frisson de nostalgie ; d’autres ont l’art de l’uppercut par surprise, ouvrent une brèche, et la déferlante commence. Les photos sont un déclencheur d’émotions diverses et variées.
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