Garderai je un gout amer de toi?
De cette histoire que nous ne vivrons pas.
Sans toi j’apprends l’amour autrement. Celui à sens unique.
Celui qui se soucie de savoir ce que tu ressens, qui se réjouit de tes succès, sans jamais te toucher ni te parler. Celui qui renonce à passer mes mains dans ta crinière brune et à connaitre le gout de tes lèvres qui dessinent ce sourire que je chéris. Moi la cynique biberonnée à la petite maison dans la prairie, voilà comment je la négocie l’approche de la quarantaine? en m’éprenant d’un quasi inconnu de 9 ans de moins? Risible non? et tellement cliché .
A croire que Brigitte Macron fait des émules. Je symbiose avec mes contemporains.
Toutes ces heures à imaginer comment te recroiser, te séduire, retrouver la connivence de ces quelques soirées où ma vie a basculé en faisant ta connaissance. Et toutes ces autres à repousser cette idée tant elle bouleverserait trop ma cellule familiale adorée.
J’aime penser à toi en écoutant Between the buttons de French 79 et Je te sens venir de Juliette Armanet. Ils sont la synthèse parfaite de ce qui m’anime : un délire sensuel puissant et beau mais kitsch. Ou peut être kitsch mais beau et puissamment sensuel.
Comme une ado mal dégrossie, je visualise même notre mariage Une guinguette parsemée de tables aux nappes vichy, couleur lait fraise, des meules de foin et des lampions. Un décor léger, frais et joyeux comme les sentiments que je nous imagine. Ceux qui ne sont pas ternis par le quotidien. Là aussi un joli stéréotype de bobo en crise de milieu de vie.
Toi qui ignores tout des méandres et turpitudes de mon coeur anachronique.
Je ne saurai jamais comment tu aurais trouvé ces mots : touchants ? ridicules? mièvrement lyriques?
Je partirai en l’ignorant
Voilà quelques mois, je t’avais déjà écrit dans les ateliers de Gaëlle. J’y laissais tous les souvenirs que nous ne partagerions pas. A croire que je n’ai finalement pas beaucoup avancé depuis. Tu ne connaitras pas l’importance qu’ils ont pour moi. J’y maintiens le lien qui n’existera jamais entre nous.
Quelle curiosité de se dire qu’on peut vivre ce tumulte seule.
Quelle frustration de penser que tu avances sans savoir qu’une femme se vautre dans des envies de toi.
Mais quel confort de ne jamais me confronter à ta réalité. Car bien tapi au dedans de moi, je sais qu’il n’y pas de réciproque.
Ressentir ça tout en continuant la vie avec les miens.
Le Joker ou femme complexe?
Suis je l’un des deux?
Un monstre fou ou une humaine dépassée?
Nos choix définissent ils ce que nous sommes?
Je sais que je n’aurais jamais le courage de laisser ma vie basculer. Suis je trop lâche ou sage et lucide?
Je partirai sans le savoir.
Au fond ai je vraiment envie de me libérer de toi? du délire où je me suis enfermée .
D’où me vient cette conviction vertigineuse de possible bonheur total entre nous? Pourquoi?
Fébrile, instable, j’attends avec hâte que ton image et mes désirs s’étiolent.
Sans violon ni piano mélo.
Juste immuablement.
Que je souris à la mémoire de cette période trouble. Sans regret. Comme le souvenir d’un doux rêve qui longtemps continuera à m’habiter. Sans que tu en soupçonnes l’existence.
Nous sommes quelques mois avant mon déménagement qui mettra totalement fin aux possibilités de se croiser.
Mais d’ici là, dans deux semaines, nous nous retrouverons.
1 an jour pour jour, à la même fête. Je te reverrai la peur au ventre. La peur de ne plus rien ressentir ou celle d’être à nouveau submergée ? La première solutionnerait pragmatiquement mon problème. Mais ai je envie de laisser filer ce secret qui me fait vibrer dans l’intimité de ma douce folie intérieure?
Il y aussi celle que tu ne viennes pas. Tout resterait alors figé.
Mais ma vie sera jolie quand même. Elle l’est déjà.
J’explorerai d’autres versants de moi.
C’est une erreur de penser que j’ai besoin de toi pour me révéler.
Tu n’es pas le messager de la fin de ma jeunesse. Mais celui du début d’une autre vie. C’est ainsi que je le décide.
Par Schiele
https://www.youtube.com/watch?v=Kmx6OdrGOpM
https://www.youtube.com/results?search_query=je+te+sens+venir+juliette+armanet