Extérieur jour, femme âgée, cheveux blancs, en chignon, proche des 80 ans, assise à une table de jardin.
Ateliers d’écriture créative, de fictions, animés par Francis Mizio
Extérieur jour, femme âgée, cheveux blancs, en chignon, proche des 80 ans, assise à une table de jardin.
Des talons martèlent le parvis de l’église Saint Étienne. Ils battent la cadence, tels des roulements de tambour, annonciateurs de troupes en marche venant livrer bataille. Ils sont au diapason avec le tonnerre grondant, ses éclairs déterminés à illuminer le ciel plombé de Beauvais, en ce début de matinée.
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Le douzième coup de minuit vient de sonner, le compte à rebours est sur zéro…
Journée de grève, une rame de métro sur trois. J’attends depuis dix bonnes minutes sur le quai de la station Place d’Italie, la première de la ligne 5, direction Bobigny Pablo Picasso. Mon portable indique 18 h 06, l’heure de pointe. Les usagers s’accumulent au fur et à mesure sur ce quai ; kaleïdoscope d’expressions d’agacement, de résignation, d’impatience.
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Il n’y a pas un bruit dans la cuisine, il est encore tôt. Ils sont assis face à face, chacun à sa place d’un côté de la table. Elle le regarde sans mépris, sans pitié non plus. Pauvre de lui, il a joué, il a perdu. Ce n’est pas faute de l’avoir prévenu à plusieurs reprises pourtant. Mais ça fait longtemps qu’il ne tient plus compte de ses conseils très avisés. Il n’aurait pas dû les ignorer, c’était pour son bien. Tant pis. Lui, a les yeux écarquillés, la bouche bée, les mots condamnés à être bloqués dans la gorge sous le choc d’un étonnement violent.
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Paris, mars 1898
L’après-midi avait cédé sa place au début de soirée, Léonce quittait son lieu de travail, le siège social de la Société Générale au 54 rue de Provence dans le 9e arrondissement. Arrondissement qu’il avait vu évoluer en quartier d’affaires avec l’implantation des grandes banques, des compagnies ferroviaires, des grands magasins qui faisaient le bonheur de ces dames, au détriment de celui du portefeuille de leur mari et, ou, amant. La réunion enfumée, houleuse sur les crédits à court terme pour les industriels et négociants qui avait clos cette journée lui avait donné la nausée. L’air était doux, le printemps prenait ses aises, rentrer à pied lui ferait le plus grand bien. Il n’habitait qu’à quelques centaines de mètres, un appartement confortable au 1 rue Bleue, d’un immeuble bourgeois.
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La nuit était encore là pour quelques heures mais ma mère et moi étions déjà debout, habillées, coiffées. Nous partions pour la première fois en grandes vacances d’été, une surprise que ma mère avait gardée secrète jusqu’à hier soir. Elle m’avait dit de mettre dans mon cartable, mes poupées et mon chien Pif pour ne pas les oublier. L’appartement était propre, bien rangé comme il ne l’avait jamais été. Ma valise et celle de ma mère nous attendaient près de la porte d’entrée.
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Le 26 juillet 1928, à Acy en Multien, petit bourg de l’Oise, aux premières heures du jour, on entendit se mêler aux meuglements et béquètements le cri d’un nouveau-né dans l’étable de la ferme familiale des Motte.
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Une fin de journée entre 18h et 19h
“Je descends chercher des cigarettes”, sans me laisser le temps de répondre, tu as pris mon visage entre tes mains, agrippant ton regard bleu au mien, un baiser à peine effleuré et tu es sortie.
Entre les barres d’immeubles de la ZUP de Wattignies, ville de la banlieue lilloise, une silhouette presse le pas, retranchée derrière un parapluie à rayures. Un bien maigre rempart de tissu imperméabilisé contre ces giboulées de mars cinglantes, déversées par un ciel de plomb et violemment encouragées par le vent qui se déchaîne pour désarmer cette frêle silhouette de sa défense dérisoire maintenue très fort par ses deux mains. Résister encore le temps de franchir les quelques mètres qui la séparent de son immeuble.
Des années que je ne suis pas montée dans ce grenier et rien n’a changé. À part de nouvelles générations de souris et d’araignées, je suppose. Le vieux fauteuil en cuir n’a pas bougé, à sa place en face de toi, ma vieille amie “la grande armoire bancale du grenier”, borgne d’une porte, tu es toujours debout, sentinelle impassible de ce royaume sombre, encombré de poussière et de bric-à-brac. J’en ai passé du temps, recroquevillée derrière ton unique porte, celle de la penderie, les yeux fermés, à ne pas bouger pour ne pas te faire craquer, pas un bruit, surtout. Il y a encore le trop plein de trésors que j’entassais sur tes étagères : des lettres, des cartes, des jouets, des bijoux de pacotille, des coquilles vides d’escargots, des coquillages, une boîte… boîte ?
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Ce matin, c’est opération “courrier”. Elle se déroule en trois étapes ; la cuisine en est le QG, je m’installe au bout de la table en formica, comme si je devais présider une réunion de crise… avec moi-même.
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