Je m’ennuyais tellement à ce dîner… Certes, nous étions dans un établissement réputé, où la décoration conjuguait charme et luxe, ancien et moderne. Les lustres en cristal de Baccarat majestueux et imposants ajoutaient une touche Second Empire, tandis que le mobilier arborait résolument un design contemporain alliant bois brut, acier, et verre ; les nappes blanches amidonnées sur lesquelles se dressaient fièrement des serviettes immaculées, savamment pliées rappelaient bien la tradition française.
Le cadre avait beau être magnifique, je me rasais.
Continue reading
Catégorie : CatMai2020
Masami accrocha délicatement la fleur de pivoine dans la coiffure sophistiquée de Kasuko, posa un tendre baiser sur son front avant d’attraper la main de sa fille.
« Allez, viens ma chérie, je crois qu’on nous attend ».
Continue reading
» Monsieur Cohen, notre dernière séance date d’il y a … cinq mois environ, non ?
– Oui, c’est ça , c’était en mai.
– Vous aviez, si ma mémoire est bonne, un éventuel projet pour l’été. Un voyage en… Asie ? un cadeau de votre mère, je crois.
– En Mongolie exactement.
– Oui, je me souviens que nous avions longuement échangé sur les ruptures, l’éloignement, la distanciation avec les habitudes, la capacité au refus, blablabla. »
Six heures d’un joli matin printanier.
La porte-fenêtre glisse et Robert sort sur ce petit espace qui lui tient lieu de balcon. Il sacrifie à son rituel quotidien : tous les matins à 6 heures, par tous les temps, griller sa première clope sur ce bout de béton parisien en regardant la ville s’éveiller. L’oreille aux aguets afin de saisir les bruits d’une circulation parfois cacophonique : les klaxons, le bip du camion des éboueurs et les poubelles reposées sans ménagement sur le trottoir, les sirènes des voitures de police et des ambulances ou tout simplement le chuintement des pneus sur l’asphalte mouillé, le grondement souterrain du métro..L’odorat n’est pas en reste non plus. Des odeurs pas encore trop marquées à cette heure-là par les gaz d’échappement mais balayant quand même la trop timide, celle qui monte délicatement de la boulangerie d’à côté.
Et puis les yeux. Il en prend plein les yeux, Robert, de cette lente montée en puissance d’une capitale qui se réveille. Les voitures qui se précipitent vers le travail et la longue journée, des piétons qui vont, viennent, se croisent et se décroisent, les reflets du soleil sur les immeubles qui l’entourent ou la course des nuages qui se reflètent dans les baies vitrées.
Pourtant, depuis quelques semaines, tout a changé.
Pour cette proposition d’écriture, je vais vous révéler un de mes vices : au lieu d’utiliser mon (rare) temps libre à me plonger dans la littérature, que je ne lis plus assez à mon goût, je m’adonne à des jeux de lettres sur mon smartphone. J’ai ainsi, entre autres nombreux jeux dérivés, 4 applications de type Scrabble, et des dizaines d’adversaires inconnus à travers le monde. Il se passe que régulièrement pépette78 ou GrosDenis, Kevin S. ou Christine La Fouine viennent prendre leur raclée ou m’en mettre une.
Or, récemment, je suis tombé sur une application de jeux de mots qui m’a fasciné et bien amusé : Sticky Terms. Elle est différente de toutes puisqu’il s’agit de reconstituer des mots inconnus dans des dizaines de langues différentes, des mots-puzzles — majoritairement des mots dit « intraduisibles »… De ceux qui donnent des cauchemars aux traducteurs.